Le Chili a annoncé lundi la création d’une vaste zone de protection de la vie marine autour de la célèbre île de Pâques, un signal fort en direction de la communauté internationale à l’occasion d’une conférence sur la préservation des océans.
« Nous nous engageons à la création d’aires protégées autour de l’île de Rapa Nui (le nom polynésien de l’île de Pâques, ndlr) », a déclaré la présidente chilienne Michelle Bachelet à l’ouverture de la conférence « Notre océan » qui réunit pendant deux jours à Viña del Mar, près du port pittoresque de Valparaiso (centre), 400 personnalités du monde politique, scientifique et des affaires en provenance de 90 pays.
Le territoire maritime protégé, dont la mise en place doit être approuvée par la communauté indigène Rapa Nui, couvre une zone d’environ 720.000 kilomètres carrés qui « fait le tour de cette île emblématique de notre pays et mondialement connue sous le nom d’île de Pâques », a ajouté Mme Bachelet. Les aires marines protégées sont des zones où l’activité humaine est restreinte, voire interdite, afin de préserver les espèces animales présentes en raison de leur fragilité et de la richesse de leur biodiversité.
Celle de l’île de Pâques est la première d’une série, d’autres annonces du même type de différents pays devant suivre tout au long de cette conférence internationale née en 2014 à Washington à l’initiative du secrétaire d’Etat américain John Kerry, qui a fait le déplacement au Chili. « La question n’est pas de savoir si notre océan est en danger », a déclaré M. Kerry dans son discours inaugural. « La vraie question, c’est de savoir si nous tous sur cette planète allons adapter nos comportements afin de protéger l’océan pour les générations à venir ».
Dans un message vidéo, le président Barack Obama a annoncé la constitution de deux nouveaux sanctuaires marins aux Etats-Unis : une surface de 2.300 km2 recélant plusieurs dizaines d’épaves sur le lac Michigan, dans le Wisconsin, et la baie de Mallows, sur le fleuve Potomac, dans le Maryland, une zone de marécages où se trouvent également de nombreux bateaux échoués.
Le choix, pour ouvrir la conférence, de l’île de Pâques, haut lieu touristique connu pour ses monumentales statues moaï et où vivent 4.000 habitants, visait à envoyer un signal fort.
Selon l’organisation de défense de l’environnement The Pew Charitable Trusts, « cette zone contient les uniques sources hydrothermales des eaux chiliennes » et « sa température et sa composition minérale permettent de faire vivre de nombreuses espèces dans des environnements extrêmes ».
Les eaux autour de cette île « sont d’une grande importance pour la reproduction de nombreuses espèces dont le thon, le requin, le marlin et l’espadon » et « sa protection à grande échelle permettrait de préserver environ 142 espèces introuvables ailleurs dans le monde », affirme-t-elle. L’île de Pâques sera « désormais leader mondial dans la préservation des océans », a assuré Joshua S. Reichert, au nom de cette organisation.
Le Chili s’engage aussi à protéger les eaux autour des îles de San Félix et de San Ambrosio, dans l’archipel de Juan Fernandez, sur une zone de 297.000 kilomètres carrés, constituant ainsi, avec celle de l’île de Pâques, l’une des plus vastes aires maritimes protégées du monde. Les deux jours de conférence seront l’occasion pour ses participants de prendre une série d’engagements en vue de protéger les océans de la pêche durable, de la pollution par les déchets en plastique et de l’acidification (sous l’effet de l’absorption du carbone dans l’air).
En 2014 à Washington, 800 millions de dollars avaient ainsi été promis dans ce domaine. Cette année, les Etats-Unis veulent annoncer un plan pour réguler la pêche au niveau mondial et notamment empêcher la pêche illégale. D’après une étude réalisée en 2014 sur les stocks de pêche par l’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), 29% étaient soumis une pêche excessive. Le Chili en est un bon témoin : selon Sebastian L. Klarian, de l’université Andrés Bello à Santiago, le nombre des merlus, un poisson emblématique de ce pays, y a chuté de 40% ces dernières décennies.
AFP / S.A.