Le puissant ministre de l’Intérieur libyen, Fathi Bachagha, est sorti indemne dimanche d’une tentative d’assassinat près de Tripoli, selon son entourage, une attaque qui fait craindre une reprise des violences en plein effort pour une transition politique.
Fathi Bachagha fait partie du Gouvernement d’union nationale (GNA) sortant de Fayez al-Sarraj, basé dans la capitale Tripoli et reconnu par l’ONU. Il était fortement pressenti pour occuper le poste de Premier ministre par intérim, finalement revenu le 5 février à Abdel Hamid Dbeibah, dans le cadre d’un processus politique parrainé par l’ONU.
Le convoi de Fathi Bachagha a été la cible de balles tirées à partir d’une voiture blindée à Janzour, à une douzaine de kilomètres de Tripoli, a indiqué son entourage. « L’escorte de police qui suivait le ministre a riposté. Deux des assaillants ont été arrêtés, le troisième a été blessé et transféré à l’hôpital. Le ministre va bien. » Poids lourd de la politique locale, il revenait d’une visite de routine au siège d’une nouvelle unité de sécurité qui dépend de son ministère.
Désigné en 2018 ministre de l’Intérieur, ce cacique de 58 ans a fait de la lutte contre la corruption son cheval de bataille, tout en menant une diplomatie active.
Sécurité précaire
Dix ans après le soulèvement appuyé par l’Otan qui a renversé le régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est toujours minée par les luttes de pouvoir, divisée entre deux autorités rivales, sur fond d’ingérences étrangères. Le GNA à Tripoli et des autorités parallèles dans l’Est liées à l’homme fort Khalifa Haftar. Le 23 octobre, les deux camps rivaux avaient signé un accord de cessez-le-feu permanent avec « effet immédiat », après des discussions à Genève sous l’égide de l’ONU.
Le 5 février, outre le Premier ministre par intérim, un Conseil présidentiel transitoire de trois membres a été désigné par un forum politique libyen en Suisse, pour assurer la transition dans l’attente d’élections annoncées pour décembre. Mais la tentative d’assassinat est venue rappeler que la situation sécuritaire reste précaire. Elle survient également alors qu’une relance du dialogue politique a ravivé les espoirs d’une fin des divisions et des violences.
Les Libyens sont eux appauvris, privés notamment des revenus des plus importantes réserves d’or noir d’Afrique. Leur quotidien est ponctué de pénuries de liquidités et d’essence, de coupures d’électricité, avec une inflation galopante.
LQ/AFP