Une foule impressionnante a accompagné le cercueil du chef du mouvement terroriste tué par une frappe israélienne dimanche.
Le Hezbollah organise lundi les funérailles de son chef militaire Haitham Tabatabai, tué la veille dans un bombardement israélien sur la banlieue sud de Beyrouth, une attaque qui accentue encore la pression sur le gouvernement libanais pour désarmer le mouvement pro-iranien.
La formation chiite a appelé ses partisans à assister aux funérailles de son «grand leader» Tabatabai et d’autres membres tués dans la frappe. La cérémonie se tiendra dans la banlieue sud de Beyrouth, zone densément peuplée et bastion du groupe. Haitham Ali Tabatabai, jusque-là largement inconnu du grand public au Liban, est le plus haut responsable du Hezbollah tué depuis la fin, il y a un an, de la guerre meurtrière qui a opposé le mouvement à Israël.
Son assassinat intervient alors qu’Israël a intensifié ces derniers temps ses frappes sur le territoire libanais malgré le cessez-le-feu, disant viser des membres ou infrastructures du Hezbollah qu’il accuse de se réarmer, ce que le mouvement dément.
Le gouvernement libanais est sous forte pression des Etats-Unis pour contraindre le Hezbollah à rendre ses armes conformément à l’accord de cessez-le-feu, ce que le mouvement islamiste refuse jusqu’à présent.
Après l’assassinat de Tabatabai, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a assuré qu’Israël «ne permettra pas au Hezbollah de reconstruire son pouvoir» et appelé le gouvernement libanais à «respecter son engagement à désarmer le Hezbollah».
Les options du Hezbollah apparaissent désormais limitées: le mouvement est sorti très affaibli de la guerre et a perdu sa voie d’approvisionnement via la Syrie depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre dernier. Parallèlement à la question du désarmement, Washington presse également Beyrouth de couper les financements iraniens. Téhéran, principal allié du Hezbollah, a dénoncé lundi un «lâche assassinat».
La peur d’une violente réaction de Tel-Avid
Il existe aujourd’hui «deux tendances au sein du groupe», explique une source proche du Hezbollah, sous couvert d’anonymat. «Ceux qui veulent répondre à l’assassinat et ceux qui préfèrent s’abstenir, et pour l’instant, la direction du groupe préfère la voie diplomatique».
«Les options du Hezbollah sont très limitées», affirme Nicholas Blanford, analyste à l’Atlantic Council. «Sa base réclame vengeance, mais si le Hezbollah répond directement (…) Israël ripostera très durement et personne au Liban ne remerciera le Hezbollah pour ça».
Selon lui, l’assassinat de Tabatabai est le coup le plus dur porté au mouvement depuis la fin de la guerre en novembre 2024, en raison de sa position au sein du Hezbollah et parce que «cela montre qu’Israël peut toujours localiser et cibler les hauts responsables malgré toutes les mesures de protection qu’ils pourraient mettre en place».
Selon l’accord de cessez-le-feu, l’armée libanaise doit démanteler la présence militaire du Hezbollah entre la frontière avec Israël et le fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres plus au nord. L’armée a ainsi soumis un plan au gouvernement, dans lequel elle s’engage à accomplir cette tâche titanesque d’ici la fin de l’année, avant de procéder par étapes sur le reste du territoire libanais.
Le Hezbollah y est fermement opposé. L’armée assure que le processus est en cours, mais les États-Unis et Israël accusent les autorités libanaises de le retarder. Un responsable militaire a affirmé la semaine dernière que les demandes américaines et israéliennes de voir le mouvement désarmé d’ici à la fin de l’année étaient «impossibles», invoquant le manque de personnel et d’équipement, et le risque de confrontations avec les communautés locales soutenant le Hezbollah.
Selon le ministère de la Santé, plus de 330 personnes ont été tuées au Liban et 945 blessées depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu.