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L’Europe va connaître une « crise énorme » d’obésité


La prévalence de l'obésité a plus que doublé au niveau mondial entre 1980 et 2014, à 600 millions d'adultes, selon l'OMS. (photo AFP)

Après l’Amérique, c’est l’Europe qui affrontera à son tour une énorme crise d’obésité, une alimentation malsaine et l’absence d’activités physiques favorisant le surpoids et gonflant les coûts de la santé, prévient ce mercredi l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

L’Europe affrontera « une crise d’obésité aux proportions énormes d’ici 2030 », selon une étude menée dans 53 pays européens et présentée lors d’un Congrès européen à Prague. « Même dans les pays à prévalence de l’obésité traditionnellement plus faible comme la Suède, on s’attend à ce que son taux augmente fortement », selon le communiqué publié par les organisateurs du congrès.

« Les données mettent en évidence un grave problème pour de nombreux pays », ont-ils prévenu. Le surpoids et l’obésité, une maladie évitable causée principalement par des facteurs liés au style de vie, sont de plus en plus souvent la cause de maladies et d’infirmité dans le monde entier.

L’obésité plus meurtrière que la faim

La prévalence de l’obésité a plus que doublé au niveau mondial entre 1980 et 2014, à 600 millions d’adultes, selon l’OMS, alors que 1,9 milliard d’adultes dans le monde étaient en surpoids l’an dernier. Parmi les enfants de moins de cinq ans, 42 millions étaient en surpoids ou obèses en 2013, selon l’OMS qui se pose pour objectif d’endiguer la montée de ce fléau d’ici 2025.

La plus grande part de la population mondiale vit aujourd’hui dans les pays où le surpoids et l’obésité tuent plus de gens que la faim. Une personne est considérée comme étant en surpoids lorsque son indice de masse corporelle (l’IMC qui correspond au rapport entre le poids et la taille au carré) dépasse 25. Une personne est considérée comme obèse quand l’IMC dépasse 30.

L’Irlande sera la plus touchée

En Europe, la crise de l’obésité affectera en premier lieu l’Irlande, un pays d’ores et déjà le plus touché par ce fléau. Selon l’OMS, presque toute la population adulte irlandaise serait ainsi en surpoids ou obèse d’ici 2030. 89% des hommes en Irlande devraient être en surpoids vers 2030, dont 48% d’obèses, contre respectivement 74% et 26% en 2010, selon la même source. Chez les femmes irlandaises, la proportion des personnes en surpoids passerait entre 2010 et 2030 de 57% à 85% (dont 57% d’obèses en 2030).

22% des Suédoises seront obèses en 2030

Plus d’un quart des hommes et 22% des femmes suédoises seront obèses d’ici 2030, contre 14% et 12% en 2010, indique le rapport. Les projections sont également relativement alarmantes pour la Grande-Bretagne, avec 33% de femmes et 36% des hommes obèses en 2030, contre 26% en 2010. Soixante-quatre pour-cent des Britanniques seront en surpoids d’ici 2030.

En Grèce, la proportion des hommes et des femmes obèses devrait doubler et passer de 20% en 2010 à environ 40% en 2030, alors qu’en Espagne, la part d’hommes obèses devrait passer de 19% à 36% sur la même période.

Les Danois, les plus sveltes

Joao Breda du bureau européen de l’OMS a estimé ce mercredi que des mesures prises aujourd’hui pourraient empêcher que ces projections deviennent la réalité. Il a souligné que quelques pays verraient leur taux d’obésité/surpoids se stabiliser ou bien diminuer.

Les Danois restent une des nations les plus sveltes en Europe, alors qu’aux Pays-Bas, 49% des hommes devraient être en surpoids et 8% obèses en 2030, contre respectivement 54% et 10% en 2010. Pour les femmes danoises, la proportion des obèses chutera de 13% à 9% en 2030, indique le rapport.

Selon une étude publiée en novembre par la revue The Lancet Oncology, le surpoids et l’obésité provoquent chaque année plus d’un demi-million de nouveaux cas de cancers parmi les adultes. En 2010, le surpoids a causé la mort de 3,4 millions de personnes, alors qu’une étude précédente soulignait que l’obésité pourrait réduire l’espérance de vie.

Une autre étude, publiée en novembre par l’Institut McKinsey Global, indiquait que les coûts de protection de la Santé et de baisse de la productivité, causés par l’obésité, s’élevaient à 1 800 milliards euros, soit 2,8% du PIB mondial.

AFP