L’État belge doit rapatrier une mère belge et ses deux enfants de Syrie, selon une décision du tribunal de première instance de Bruxelles, a rapporté jeudi l’avocat de la famille.
L’État dispose de 75 jours pour les rapatrier, a expliqué Me Nicolas Cohen, confirmant une information de la télévision publique RTBF. Le tribunal, en référé, « condamne l’État belge à rapatrier. La présence d’enfants joue très fort », a-t-il expliqué. Selon l’agence de presse Belga, la femme de 23 ans se trouve avec ses deux très jeunes enfants depuis février 2018 dans le camp de Al-Roj, aux mains des Kurdes, et désire rentrer en Belgique. L’un des enfants est né pendant le conflit, et l’autre dans le camp, selon l’avocat. « C’est une vraie révolution en droit », a estimé Me Cohen. « Un État n’est pas seul maître de son action internationale à l’égard de ses citoyens. Il a des obligations ».
Selon les médias belges, la jeune femme avait quitté la Belgique en janvier 2015 pour rejoindre son père, ancien membre d’al-Qaïda qui avait rejoint le groupe Etat islamique (EI) un mois plus tôt. Elle était apparue dans un reportage à la télévision flamande où elle disait regretter son choix et vouloir purger sa peine en Belgique. « Elle sait qu’elle sera poursuivie en Belgique », a expliqué son avocat. Les enfants seront pris en charge de leur côté. « Maintenant, l’objectif c’est qu’on ramène les enfants, avec leurs mères aussi au nom de l’intérêt des enfants », a-t-il espéré.
1 400 enfants nés d’un parent européen
Selon des chiffres de l’Ocam, l’agence antiterroriste belge, 55 adultes, hommes et femmes, issus des rangs jihadistes, sont actuellement recensés en Syrie et en Irak, dans des centres de détention ou des camps sous contrôle kurde. 69 enfants ayant un lien avec la Belgique se trouvent en Syrie. Six orphelins belges, dont un jeune majeur, issus de familles parties rejoindre Daech, avaient été rapatriés en Belgique mi-juin.
Entre 600 et 650 enfants dont au moins l’un des parents est ressortissant de l’UE sont dans des camps ou centres de détention en Syrie, selon la Commission européenne. Au total, 1 400 enfants nés d’un parent européen se trouvent en Syrie ou en Irak. « La majorité des enfants nés là-bas sont vraiment très jeunes, c’est-à-dire âgés de moins de six ans », selon le commissaire européen à la sécurité Julian King, qui appelle les États membres à résoudre « rapidement » ce défi du rapatriement des enfants, « victimes de la situation ».
LQ/AFP