Un navire d’une ONG espagnole a accosté jeudi dans le port d’Algésiras à l’extrême sud de l’Espagne, pour y débarquer 87 migrants secourus le 2 août au large de la Libye, que l’Italie ne veut plus accueillir.
Les autorités espagnoles avaient souhaité que cette nouvelle arrivée d’un bateau chargé de migrants, sept semaines après l’accueil très médiatisé de L’Aquarius, se fasse discrètement, sans dispositif exceptionnel d’accueil. N’ayant pu accéder au port, les médias se tenaient à bonne distance du quai, cantonnés derrière des grilles. Le bateau blanc de l’ONG Proactiva Open Arms a accosté vers 9H20 locales sur un quai de San Roque, près d’Algésiras, premier port d’Espagne. C’est là que l’Espagne a tout récemment ouvert en hâte un nouveau centre d’accueil, alors que des centaines de migrants approchent chaque semaine des côtes d’Andalousie à bord d’embarcations de fortune.
L’Espagne est devenue cette année la première porte d’entrée en Europe de migrants clandestins – majoritairement Africains – qui risquent leur vie en partant du Maghreb à bord de fragiles canots. Près de 24 000 sont arrivés par la mer en Espagne depuis janvier, selon l’Organisation internationale des migrations (OIM). Après une longue traversée depuis la Méditerranée centrale, l’ONG Proactiva Open Arms a acheminé jusqu’à Algésiras 75 hommes adultes et 12 mineurs. L’organisation assure que beaucoup proviennent « de l’enfer du Darfour » – région de l’ouest du Soudan en proie depuis 15 ans à une guerre civile – et ont « subi en Libye des abus de manière répétée ».
En offrant un port sûr à ce bateau, l’Espagne prend de nouveau le contre-pied de l’Italie, qui refuse cet été d’accueillir les navires des organisations non gouvernementales sillonnant la Méditerranée pour porter secours aux migrants en péril. Cependant, le nouveau gouvernement du socialiste Pedro Sanchez a voulu, cette fois, que ces migrants accueillis à San Roque soient traités par l’administration exactement comme les autres arrivant chaque jour clandestinement en Espagne. La préfecture d’Andalousie a assuré qu’il n’y aurait aucun traitement de faveur pour eux.
Le Quotidien/AFP