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Les Sénégalais élisent leurs députés, un test important pour le président Sall


Macky Sall a promis de nommer un Premier ministre - poste qu'il avait supprimé puis rétabli en décembre 2021 - au sein de la formation victorieuse des élections. (Photo AFP)

Les Sénégalais élisent ce dimanche leurs députés dans un scrutin que l’opposition veut mettre à profit pour imposer une cohabitation au président Macky Sall, qui espère, lui, conserver une large majorité.

Ces législatives à un seul tour font figure de test à 19 mois de la présidentielle, après les élections locales de mars remportées par l’opposition dans de grandes villes de ce pays d’Afrique de l’Ouest réputé pour sa stabilité. Elles visent à renouveler pour cinq ans les 165 sièges du Parlement monocaméral largement contrôlé par le camp présidentiel.

Le président Macky Sall a promis de nommer un Premier ministre – poste qu’il avait supprimé puis rétabli en décembre 2021 – au sein de la formation victorieuse des élections.

« C’est comme au football. Il faut un vainqueur et un vaincu »

Quelque 7 millions de Sénégalais sont invités à se rendre aux urnes. Les premiers résultats provisoires partiels sont attendus dans la soirée et les chiffres globaux provisoires seront donnés au plus tard vendredi par la Commission nationale de recensement des votes (CNRV). A la mi-journée (13h00 locales et GMT), le taux de participation s’élevait à 22%, a déclaré à l’AFP une source proche du ministère de l’Intérieur en charge des élections.

A Scat Urbam, un quartier de la banlieue proche de Dakar, beaucoup moins d’électeurs qu’à l’accoutumée attendaient pour voter dans la matinée. Peu de votants également à Ziguinchor, en Casamance, selon des journalistes de l’AFP. « Je souhaite que la journée de vote se passe dans le calme, qu’il n’y ait pas de disputes. C’est comme au football. Il faut un vainqueur et un vaincu », a déclaré Lamine Sylva, un peintre de 60 ans qui se préparait à voter dans une école de Mbao à l’ouverture des bureaux.

« J’espère que la future Assemblée sera formée de députés du pouvoir et d’une forte représentation de l’opposition pour des débats contradictoires. C’est ce qui fait avancer la démocratie », a aussi dit à l’AFP El Yahya Sall, militaire à la retraite.

22 000 observateurs déployés

La Commission nationale électorale autonome (Cena), qui supervise le vote, a déployé quelque 22 000 observateurs sur tout le territoire. Une quarantaine d’experts de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) sont également présents.

Les députés sont élus selon un mode qui panache scrutin proportionnel avec des listes nationales pour 53 parlementaires, et scrutin majoritaire dans les départements pour 97 autres. La diaspora dispose de 15 députés.

Huit coalitions sont en lice pour ces élections dont celles de la majorité et « Yewwi Askan Wi » (Libérer le Peuple en langue wolof), la principale coalition de l’opposition, formée autour d’Ousmane Sonko, arrivée troisième de la présidentielle de 2019. Celle-ci s’est alliée à la coalition « Wallu Sénégal » (Sauver le Sénégal en wolof), dirigée par l’ex-président Abdoulaye Wade. La moins bien placée dans un département s’engage à soutenir l’autre pour « imposer une cohabitation gouvernementale ».

A 96 ans, l’ancien chef de l’Etat de 2000 à 2012 s’est frayé un chemin à travers une foule de militants pour se rendre aux urnes à Dakar en début d’après-midi.

Une élection dans un contexte d’inflation

Le scrutin se déroule dans un contexte de hausse des prix, notamment à cause des conséquences de la guerre en Ukraine, des arguments utilisés par l’opposition contre le pouvoir qui met en avant les subventions des produits pétroliers et des denrées alimentaires ainsi que son programme de construction d’infrastructures.

« Est-ce que la priorité des Sénégalais c’est de construire de beaux stades, de nouvelles autoroutes alors que les gens ne mangent pas à leur faim ? », a déclaré M. Sonko après avoir voté à Ziguinchor. Préoccupé par le taux de participation, il a appelé les électeurs à voter en nombre « pour équilibrer les pouvoirs ».

Un troisième mandat ?

L’opposition veut aussi contraindre M. Sall à renoncer à toute velléité de candidature en 2024. Le président Sall, élu en 2012 pour sept ans et réélu en 2019 pour cinq ans, maintient le flou sur ses intentions à 19 mois de la présidentielle. « Si Macky Sall les perd (les législatives), il ne parlera plus de 3e mandat », a assuré M. Sonko.

« Au-delà de nos choix individuels, il y a tout ce que nous partageons et que nous devons préserver en tant que nation unie et solidaire. C’est la paix, la stabilité, la sécurité, l’intégrité territoriale de notre pays et la cohésion nationale », a de son côté déclaré le président Sall, qui a voté dans la matinée à Fatick, à 150 km au sud-est de Dakar. Il s’est aussi félicité du déroulement du scrutin.

La pré-campagne avait été marquée par de violentes manifestations qui avaient fait au moins trois morts en raison de l’invalidation par le Conseil constitutionnel des titulaires de la liste nationale de la coalition dirigée par M. Sonko, contraints de renoncer à participer aux élections.