Le déconfinement s’accélère en Allemagne sous la pression des régions qui font de plus en plus fi des consignes de prudence d’Angela Merkel face aux risques du nouveau coronavirus.
Sans attendre une réunion prévue mercredi sur le sujet entre la chancelière et les différents États régionaux du pays, pour définir une ligne d’action commune, le plus grand de ces États, la Bavière, a dévoilé mardi son propre programme. Elle a annoncé la réouverture des restaurants et hôtels à la fin du mois de mai, lançant un signal fort en vue d’un retour à la normale dans le pays. « Le moment est venu pour une ouverture prudente. Les succès sont évidents » dans la lutte contre la pandémie du nouveau coronavirus, a déclaré à la presse le chef du gouvernement régional bavarois, Markus Söder, considéré comme un successeur possible d’Angela Merkel fin 2021.
Car la course au déconfinement se double d’une compétition entre prétendants à la chancellerie et barons politiques régionaux. À partir du 25 mai, « nous jugeons qu’il est acceptable d’ouvrir les restaurants » avec des restrictions, telle que l’occupation d’une table sur deux et donc un nombre de clients limité, des zones spécifiques pour les familles et des mesures d’hygiène renforcées, a-t-il dit. Cinq jours plus tard, le jour de la Pentecôte le 30 mai, ce sont les hôtels et le tourisme qui vont à nouveau fonctionner, dans cette région du sud de l’Allemagne qui est l’une des plus prisées du pays.
La question des restaurants et du tourisme constitue l’une des dernières grandes étapes du déconfinement à franchir en Allemagne, avec la réouverture des classes d’école primaire et des jardins d’enfants. L’annonce de la Bavière intervient alors qu’un nombre croissant de régions en Allemagne, pays fédéral et donc très décentralisé, s’affranchissent des consignes de prudence du gouvernement d’Angela Merkel au plan national, et font cavalier seul pour déconfiner. Elles ont le droit de le faire car les questions de santé et de maintien de l’ordre relèvent de leurs compétences.
Une deuxième, voire troisième vague de contamination
Une autre région très touristique, celle du Mecklembourg-Poméranie dans le nord-est située sur les bords de la mer Baltique, a annoncé elle aussi la réouverture fin mai de ses plages aux touristes. Le secteur de l’hôtellerie et de la gastronomie, sinistré par les restrictions imposées du fait de la pandémie, pourra du coup aussi recommencer à fonctionner. Pied de nez supplémentaire à la chancelière : il s’agit de sa région d’origine, où elle a sa circonscription de députée.
Au-delà, la Basse-Saxe, au Nord, prépare aussi la réouverture des restaurants et la Rhénanie du nord-Westphalie celle des jardins d’enfants. Le chef du gouvernement de cet État, Armin Laschet, autre prétendant à la succession d’Angela Merkel, s’est affiché depuis des semaines comme l’une des voix les plus critiques de la chancelière. Celle-ci est accusée par ses détracteurs d’asphyxier l’économie nationale par une prudence excessive sur le déconfinement, alors que l’Allemagne est comparativement moins touchée que ses voisins comme la France.
Sous pression croissante de l’opinion, la chancelière s’est déjà plainte à plusieurs reprises de l’empressement des barons régionaux allemands d’en finir avec les restrictions. Sans succès. Selon le quotidien Bild, elle entend plaider mercredi lors de la réunion avec les régions pour un mécanisme de réintroduction du confinement à partir d’un certain seuil de nouvelles infections à l’avenir. L’Institut allemand Robert Koch, chargé de surveiller l’évolution de la maladie, a prévenu mardi qu’il fallait s’attendre « à coup sûr » à une deuxième, voire à une troisième vague de contamination.
AFP/LQ