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Les rebelles en Syrie affirment avoir pris Al-Bab, fief de l’EI


Des rebelles syriens soutenus par la Turquie avancent dans la ville d'Al-Bab, à 30 km d'Alep, le 23 février. (photo AFP)

Trois groupes rebelles syriens pro-turcs ont annoncé jeudi avoir pris la ville d’Al-Bab, fief du groupe Etat islamique (EI) dans la province septentrionale d’Alep, Ankara affirmant toutefois que de vastes opérations de ratissage sont encore en cours.

« Nous annonçons la libération totale de la ville d’Al-Bab », située à 25 kilomètres au sud de la frontière turque, a indiqué Ahmad Othmane, chef du groupe rebelle syrien Sultan Mourad. « Nous procédons au déminage des quartiers résidentiels », a-t-il ajouté.

« Hier (mercredi), nous avons pris le centre-ville qui était le quartier général de l’EI (…) les jihadistes se sont effondrés et ce matin (jeudi) vers 6h, nous avons parachevé l’opération », a affirmé Saïf Abou Bakr, chef de la formation rebelle al-Hamza.

Le ministre turc de la Défense Fikri Isik s’est montré un peu plus prudent, indiquant à l’agence de presse progouvernementale Anadolu que « la ville d’Al-Bab est désormais presque entièrement sous contrôle ».

Les forces d’Ankara « sont entrées dans le centre-ville (…) Des opérations de ratissage de grande ampleur sont en cours », a-t-il ajouté.

Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), les rebelles ont pris près de la moitié des quartiers de cette ville, mais des combattants de l’EI s’y trouvaient encore.

Si la reprise totale d’Al-Bab était confirmée par la Turquie, cela représenterait un succès majeur pour Ankara qui avait lancé fin août une opération militaire dans le nord de la Syrie pour chasser les jihadistes des environs de sa frontière.

Al-Bab, où résidaient près de 100.000 habitants, « est importante car (sa perte) priverait l’EI d’une importante source de revenu à travers les taxes », a expliqué à l’AFP Aaron Stein, chercheur au centre de réflexion Atlantic Council basé à Washington.

« C’était une zone où (les jihadistes) se réunissaient et planifiaient des attaques contre les Syriens et l’Occident », a-t-il ajouté.

L’EI avait conquis en 2014 de vastes territoires en Irak et en Syrie.

Al-Bab était la dernière grande ville sous son contrôle dans la province d’Alep, mais le groupe ultraradical conserve la main sur la partie orientale de cette province morcelée entre régime, rebelles, jihadistes et forces kurdes.

Pari réussi

Depuis le 10 décembre, les militaires turcs ont perdu 69 hommes dans la bataille d’Al-Bab.

Et selon l’OSDH, depuis le 21 decembre, 353 civils, dont 87 enfants ont péri dans le région d’Al-Bab et ses environs dans des bombardements turcs. L’armée turque nie régulièrement ces accusations et affirme faire tout son possible pour éviter des pertes civiles.

Le chef du groupe rebelle Liwa al-Moutassem, Abou Jaafar, a affirmé que les forces proturques « ont tué des dizaines de combattants de l’EI et évacué plus de 50 familles d’Al-Bab ».

Si la Turquie réussit son pari de « chasser l’EI de sa frontière (…), elle devra maintenant traiter la question d’une occupation prolongée d’un pays étranger et veiller à ce qu’il y ait une transition vers une administration civile », a toutefois estimé Aaron Stein.

L’EI est visé non seulement par une offensive des Turcs et leurs alliés rebelles mais également par l’armée du régime de Bachar al-Assad.

Les troupes gouvernementales étaient arrivées à 1,5 km d’Al-Bab, mais la Russie avait demandé à son allié Damas de ne pas entrer dans la cité.

En revanche, l’armée se prépare à attaquer la partie est de la province d’Alep.

Le régime veut notamment capturer la localité d’al-Khafsa, où se trouve une station de pompage d’eau alimentant la ville d’Alep et qui est mises hors service par l’EI depuis un mois et demi, selon l’OSDH.

Outre chasser l’EI de sa frontière, Ankara a de son côté réussi à couper toute possibilité pour les autonomistes kurdes syriens de contrôler une bande continue tout au long de sa frontière car désormais le cantons de l’est avec Kobane et celui de l’ouest avec Afrine sont séparés par des territoires contrôlés par les forces proturques.

Déclenchée par la répression de manifestations prodémocratie, la guerre en Syrie qui a fait plus de 310.000 morts est devenue très complexe avec la montée en puissance de groupes jihadistes et l’implication de forces régionales et internationales.

Le Quotidien / AFP