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Les Québécois reconduisent la coalition nationaliste en place depuis 2018


La carte des résultats montre une province fortement divisée entre Montréal et le reste du territoire. (photo AFP)

Les Québécois ont largement réélu ce lundi la coalition de droite au pouvoir depuis quatre ans de cette province francophone canadienne où la question de l’immigration et celle de l’identité québécoise ont été au cœur des débats.

Plus de 6 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes pour élire les 125 députés de l’Assemblée nationale du Québec. La Coalition Avenir Québec (CAQ), parti nationaliste hétéroclite de droite, emmené par le Premier ministre actuel François Legault, a réalisé un véritable ras-de-marée, quatre ans après son arrivée au pouvoir. Avec 41 % des voix et 89 sièges, cette formation nationaliste fondée en 2011, a fait mieux qu’en 2018.

Derrière, les autres partis étaient très largement distancés avec en seconde position le Parti libéral du Québec (PLQ, centre-gauche) qui a remporté 22 sièges, ce qui constitue les plus mauvais résultats pour la formation qui a dirigé le Québec près de quinze années avant 2018.
« Les Québécois ont envoyé un message fort », s’est enthousiasmé François Legault dans son discours en fin de soirée qui a promis « d’être le Premier ministre de tous les Québécois » après une campagne très clivante.

« C’est une victoire historique », a-t-il poursuivi avant d’évoquer l’éducation et l’économie comme priorités devant ses partisans réunis sur la moquette rouge d’un théâtre de Québec. « Il faut continuer à créer de la richesse au Québec, car cela nous donne des moyens. Nous avons une occasion exceptionnelle pour faire du Québec un leader en économie verte ».

Il y a quatre ans, cet ex-homme d’affaires multimillionnaire, était arrivé au pouvoir en réussissant son pari d’imposer une « troisième voie ».
Ni indépendantiste, ni fédéraliste, le fondateur de la compagnie aérienne Air Transat revendique une approche « business » de la politique et des valeurs nationalistes.

Montréal et le reste du Québec 

Mais la carte des résultats montre une province fortement divisée entre Montréal, grande ville multiculturelle, et le reste du territoire. Le parti au pouvoir ne compte qu’une députée sur le territoire de la métropole québécoise, bastion du parti libéral et de Québec solidaire (gauche).
Autre fait marquant: pour la première fois, une députée autochtone siègera à l’Assemblée nationale québécoise. Membre du parti au pouvoir, Kateri Champagne Jourdain s’est réjouie devant la presse de « marquer l’histoire » du Québec.

La question de l’identité québécoise a agité la campagne avec un parti au pouvoir qui a multiplié les déclarations fracassantes. Après sa victoire, il a rappelé qu’il fallait « promouvoir le français ». « C’est ma tâche de Premier ministre du Québec. » Il serait « un peu suicidaire » d’accepter davantage de nouveaux arrivants compte tenu du déclin du français, avait-il déclaré pendant la campagne après avoir associé violence et immigration.

Son ministre de l’Immigration, Jean Boulet, est allé jusqu’à affirmer que « 80 % des immigrants ne travaillent pas, ne parlent pas français ou n’adhèrent pas aux valeurs de la société québécoise ».

Pénurie de main-d’œuvre

Des propos qui ont trouvé un écho notamment parmi la population vieillissante de la province. Pour Alain Gravel, 55 ans, la question de l’immigration est importante, tout comme les questions économiques dans un contexte d’inflation galopante au Canada. « On sait qu’il y a beaucoup d’immigrants illégaux qui viennent. Il faut absolument trouver un moyen de colmater les brèches » entre les États-Unis et le Canada, a-t-il estimé après avoir voté.

Avec la pénurie de main-d’œuvre criante qu’affronte la province de près de 8,5 millions d’habitants, la question de l’immigration est aussi un véritable enjeu économique.

Avant même l’annonce des résultats définitifs, le Premier ministre canadien Justin Trudeau s’est dit « impatient de continuer à travailler » avec François Legault évoquant le chantier de « l’économie verte », de « la lutte contre les changements climatiques », et la question de « la pénurie de maind’oeuvre ».

« Je suis ravi de voir mon ami, le premier ministre @francoislegault recevoir un autre mandat fort de la part des Québécois » a tweeté de son côté Doug Ford, le Premier ministre de l’Ontario, la province voisine.