« Plein d’amour à nos copains australiens », « en espérant que cette image puisse inspirer encore quelques personnes à passer à l’action »: sur les réseaux sociaux, des images de forêts en flammes ou de koalas assoiffés font grimper les cagnottes d’aide après les gigantesques incendies.
Le 3 janvier, la comédienne australienne Celeste Barber lance une cagnotte en ligne sur Facebook pour les pompiers de son pays confrontés à une crise catastrophique des feux de forêts, leur organisation étant basée sur le bénévolat. Elle a depuis récolté plus de 30 millions d’euros de dons venus du monde entier, émanant selon Facebook de plus de 1,2 million de personnes.
« Je donne rarement car j’ai peur des arnaques, mais là j’ai fait une insomnie, je lisais des articles sur les incendies, j’ai vu cette cagnotte et j’ai eu le sentiment qu’il était urgent de donner », explique Sam, une entrepreneuse de 33 ans. Elle fait un don de dix euros en quelques minutes: « si j’avais dû envoyer un chèque, je n’aurais sans doute pas donné ».
En Australie, les incendies ont fait au moins 27 morts, réduit en cendres une superficie totale de 100000 km2 – plus grande que la la Corée du Sud ou le Portugal- et détruit plus de 2000 maisons. Des personnalités influentes des réseaux sociaux français brandissent des silhouettes du territoire australien incendié ou des photos de kangourous pour interpeller sur la catastrophe.
« J’ai fait une story (publication éphémère sur le réseau social Instagram) parce que j’étais sous le choc. On me demandait aussi beaucoup comment agir donc j’ai renvoyé vers les institutions officielles pour que l’argent arrive au bon endroit », explique Léa Camilleri, 32 ans, 515 000 abonnés sur YouTube, 353 000 sur Instagram.
Amandine Lugnier a elle aussi partagé avec ses 22 300 abonnés des pistes pour aider les secours australiens. Une centaine d’entre eux ont ouvert les liens vers les cagnottes de Celeste Barber ou de la Croix-Rouge.
Des artisans et créateurs, largement représentés sur le réseau social Instagram, proposent pour leur part de reverser tout ou partie de leurs profits pour aider l’Australie.
Réelle indignation
La créatrice Laetitia Dalbies réalise des koalas en crochet qu’elle propose à la vente sur son compte en mentionnant que la moitié de la vente ira à une association de défense de la nature australienne: « c’était fou, tout est parti en quelques heures et j’ai reçu des dizaines de messages de gens qui voulaient savoir comment m’aider ».
Ce n’est pas la première fois que des personnalités mobilisent en ligne. Des « gamers » français soulèvent régulièrement des fonds énormes. En septembre 2019, un marathon de jeux vidéo a permis de réunir plus de trois millions d’euros pour soutenir l’Institut Pasteur.
« Le militantisme de clavier ne s’arrête pas au ‘like’, l’indignation est réelle », commente Tristan Mendès-France, maître de conférence associé à l’Université de Paris, spécialiste des cultures numériques. « L’utilisateur de réseaux sociaux a l’impression que c’est quelqu’un de proche qui partage son indignation avec lui, et le relais a donc une force inédite », décrit-il.
Pour expliquer le succès de cette mobilisation, Tristan Mendès-France insiste aussi sur le contenu des échanges: « les images de flammes spectaculaires ou de koalas en danger, sont la barre de traction de cet engagement ». « Ces vidéos ont eu des audiences sur les réseaux sociaux sans commune mesure avec celles que peuvent envisager les médias traditionnels », ajoute l’enseignant.
La problématique du réchauffement climatique est aussi très porteuse sur les réseaux sociaux d’après la journaliste Charlotte Hervot, auteure du « Petit guide de survie sur Instagram ». « En France, les trois quarts du public d’Instagram a moins de 35 ans, et l’enjeu de la protection de l’environnement lui parle », explique l’auteure.
« C’est une génération qui a déjà eu une prise de conscience, qui est prête à s’engager, un peu à l’instar de Greta Thunberg et ses plus de 9 millions d’abonnés » poursuit-elle, « pour eux, c’est très facile de se mobiliser en partageant une information ou une vidéo ».
AFP