Des enfants qui endurent des souffrances intolérables et sont incurables doivent pouvoir demander à mourir, estiment vendredi les pédiatres néerlandais, alors que la loi prévoit un âge minimum de 12 ans pour les demandes d’euthanasie.
«Nous estimons qu’une limite d’âge arbitraire comme celle de 12 ans doit être changée et que la capacité de chaque enfant à demander à mourir doit être évaluée au cas par cas», a déclaré à l’AFP le professeur en pédiatrie à l’Université de Groningen, Eduard Verhagen, qui a participé à l’élaboration de la décision au sein de l’Association néerlandaise des pédiatres.
Aux Pays-Bas, des enfants âgés de 12 ans et plus peuvent demander à être euthanasiés s’ils endurent des souffrances intolérables, sont incurables, sont proches de la mort, sont capables d’exprimer leur volonté et si leurs parents approuvent cette demande.
«Si un enfant de moins de 12 ans remplit les mêmes conditions, les pédiatres sont pour l’instant impuissants», assure M. Verhagen : «il est temps de s’attaquer au problème».
Les médecins recommandent en fait de suivre l’exemple de la Belgique, qui en février 2014 était devenue le premier pays au monde à prendre la décision d’autoriser les mineurs «en capacité de discernement» à choisir l’euthanasie. Selon la loi belge, le mineur doit se «trouver dans une situation médicale sans issue entraînant le décès à brève échéance», être confronté à une «souffrance physique constante et insupportable ne pouvant être apaisée.
La capacité de l’enfant à comprendre ce qu’il demande doit être évalué au cas par cas et si l’initiative de demander l’euthanasie doit venir de l’enfant, les parents doivent donner leur consentement. Pour ceux qui ne sont pas capables d’exprimer leur volonté, les médecins veulent pouvoir agir à la demande des parents, après l’accord d’une commission médicale, comme c’est le cas pour les nouveaux-nés jusqu’à 1 an.
Les pédiatres veulent mettre en place une commission pour continuer à examiner la question avant de rendre un avis officiel au gouvernement. Il s’agit souvent de «situations extrêmes», assure Eduard Verhagen : ce sont des enfants «à l’approche de la mort et dont les parents veulent leur offrir la possibilité de mourir de manière humaine».
Entre 2002 et 2012, cinq demandes d’euthanasie de mineurs ont été honorées : un enfant de 12 ans et quatre jeunes de 16 à 17 ans, selon la même source. Le débat belge avait provoqué un retentissement mondial alors que l’euthanasie provoque toujours des débats passionnés en France, notamment autour du cas du tétraplégique Vincent Lambert, en état végétatif chronique.
AFP