Les Kurdes syriens exhortent les Européens à ne pas les abandonner une fois le groupe Daech (EI) vaincu et à contribuer à la création une force internationale dans le nord-est syrien face à la Turquie.
« Ces pays ont des engagements politiques et moraux (…) S’ils ne les tiennent pas, ils nous lâchent », avertit un haut responsable kurde syrien, Aldar Khalil, dans une interview dimanche soir. Il a appelé en particulier la France, membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, à œuvrer en faveur du déploiement d’une force internationale une fois les troupes américaines parties de Syrie. « La France peut faire une proposition au Conseil de sécurité pour notre protection : elle peut proposer une force internationale entre nous et les Turcs, dont elle fasse partie, ou protéger notre ciel », suggère Aldar Khalil.
La milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG) domine l’alliance arabo-kurde des Forces démocratiques syriennes (FDS) qui s’apprête à proclamer la victoire sur l’EI, mais avec le retrait des troupes américaines annoncé par le président Donald Trump, elle apparaît paradoxalement plus fragile que jamais.
Menaces d’Ankara
Depuis l’annonce en décembre du prochain départ des 2 000 soldats américains déployés dans les zones sous contrôle kurde, dans le nord-est de la Syrie, Ankara multiplie les menaces d’intervention. Ankara considère les YPG comme la branche syrienne du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), qui livre une sanglante guérilla à l’État turc depuis 1984.
« Si les pays européens, les États-Unis ne font rien, on sera obligé de s’entendre avec le régime pour qu’il envoie ses forces militaires sur les frontières et les protège », avertit le responsable de l’administration semi-autonome mise en place par les Kurdes depuis le début du conflit syrien en 2011.
Les FDS assiègent les jihadistes dans un ultime réduit d’un demi-kilomètre carré à Baghouz, près de la frontière irakienne. Elles sont soutenues dans leur offensive par une coalition internationale sous commandement américain qui leur fournit un puissant appui aérien mais ne compte que quelques forces spéciales au sol.
LQ/AFP