Les forces ukrainiennes se préparent dimanche à une contre-offensive, un de leurs commandants qualifiant de « nécessaire » de continuer à défendre Bakhmout face aux attaques soutenues de Moscou, afin de « gagner du temps » en prévision de cette action.
Les Ukrainiens se préparent dimanche à une contre-offensive qui selon eux ne devrait pas tarder dans la région de Bakhmout, une ville de l’est de l’Ukraine que les forces russes tentent de prendre depuis l’été au prix de lourdes pertes.
L’armée russe poursuit parallèlement ses attaques dans d’autres régions: les autorités ont ainsi annoncé qu’une frappe avait fait dans la matinée au moins trois morts et deux blessés à Kherson, une cité méridionale libérée par l’armée de Kiev en novembre après plusieurs mois d’occupation.
A Bakhmout, l’épicentre actuel du conflit, Evguéni Prigojine, le patron du groupe paramilitaire Wagner, a revendiqué une nouvelle progression de ses hommes qui s’y battent en première ligne. « C’est le bâtiment de l’administration municipale, le centre administratif de la ville », a-t-il déclaré samedi, pointant du doigt, du toit d’un bâtiment, un autre édifice, en guise d’illustration de cette avancée. « C’est à un kilomètre deux cents », « C’est la zone, il y a des combats en cours », a-t-il ajouté dans une vidéo diffusée par le service de presse de son entreprise Concord, des propos invérifiables de source indépendante dans l’immédiat.
Le ministère ukrainien de la Défense a indiqué samedi que les forces ukrainiennes avaient la veille « repoussé plus de 100 attaques ennemies » dans les principales zones de combat.
Une contre-offensive « n’est pas loin »
Le même jour, le ministère britannique de la Défense a annoncé qu' »au cours des quatre derniers jours », le groupe Wagner avait « pris le contrôle de la plus grande partie de l’est » de Bakhmout. « Les forces ukrainiennes contrôlent l’ouest de la ville et ont démoli des ponts-clés au-dessus de la rivière » qui la traverse, a souligné ce ministère.
« Les vrais héros sont les défenseurs qui tiennent le front de l’Est sur leurs épaules », a pour sa part salué le commandant des forces terrestres ukrainiennes Oleksandre Syrsky. « Il faut gagner du temps pour accumuler des réserves et lancer une contre-offensive, qui n’est pas loin », a-t-il encore dit, cité par le service de presse de l’armée.
« Au début de la guerre, nous n’avions pas de drones. Les missions étaient plus compliquées et moins efficaces. Mais en été, nous avons commencé à recevoir des drones et d’autres équipements. Aujourd’hui, nous sommes plus efficaces », explique quant à lui à l’AFP Petro, le pilote d’un des trois hélicoptères d’attaque MI-8 qui venaient d’effectuer un raid contre une cible près de Bakhmout.
Les moqueries de Prigojine
Les Russes essaient depuis plusieurs semaines d’encercler cette ville de quelque 70.000 habitants avant le conflit et ont réussi à couper plusieurs routes importantes pour le ravitaillement des soldats ukrainiens. La vice-Première ministre ukrainienne Olga Stefanichyna a concédé dans une interview au JDD qu’il « devient compliqué pour nous de résister et de dissuader » les forces à Bakhmout.
« Nous estimons que l’armée russe a déjà perdu 150.000 hommes depuis l’an dernier dans ses offensives militaires sur notre sol. La masse humaine de son infanterie est une arme redoutable, elle semble inépuisable en volume et dans le temps », a-t-elle déclaré.
Si les observateurs doutent de l’importance stratégique de Bakhmout en elle-même, cette bataille – la plus longue depuis le début de l’offensive russe il y a plus d’un an – a acquis une valeur symbolique, tant pour Kiev que pour Moscou, qui voudrait obtenir là une victoire après plusieurs revers humiliants.
« Le plus important est d’obtenir la bonne quantité de munitions et d’avancer », a martelé dans sa vidéo Evguéni Prigojine, en conflit ouvert avec la hiérarchie militaire russe, notamment pour obtenir plus de munitions. Il s’en est une fois de plus pris publiquement au ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, et au chef d’état-major, Valéri Guerassimov, les qualifiant, de manière ironique, de « chefs militaires exceptionnels ».
« Je soutiens absolument, totalement, tous leurs efforts », s’est encore moqué celui qui ne cesse de critiquer la stratégie de la hiérarchie sur le terrain.