Les forces irakiennes se rapprochaient lundi de Tal Afar après s’être emparées de plusieurs villages, au deuxième jour de leur offensive pour reprendre à l’organisation jihadiste Etat islamique (EI) l’un de ses derniers bastions en Irak.
Soutenues par la coalition internationale dirigée par les États-Unis, les forces progouvernementales, qui regroupent l’armée, la police fédérale et locale, les forces spéciales du contre-terrorisme et 20 000 membres de l’organisation paramilitaire Hachd al-Chaabi, ont ouvert trois axes en direction de Tal Afar (nord).
Elles prévoient sous peu d’encercler la ville en positionnant des forces aux entrées du fief jihadiste, ont indiqué des commandants sur le terrain. La police fédérale a affirmé avoir repris quatre villages sur le front ouest de Tal Afar. Et le Hachd al-Chaabi, dominé par les milices chiites soutenues par l’Iran, a annoncé avoir progressé «jusqu’aux faubourgs de l’ouest» de la ville, dans un communiqué.
L’offensive a été lancée un mois après la reprise à l’EI de Mossoul, deuxième ville du pays et dernier grand bastion jihadiste urbain en Irak, où le chef de l’organisation ultraradicale Abou Bakr al-Baghdadi avait fait son unique apparition publique en juillet 2014. Située à 70 km à l’ouest de Mossoul, la cité historique de Tal Afar comptait avant sa prise par l’EI en 2014, 200 000 habitants en majorité turkmènes.
« Eviter les pertes civiles »
La bataille de Tal Afar est une étape importante dans l’offensive antijihadistes, tant en Irak qu’en Syrie voisine où l’EI est également la cible de multiples assauts. La reprise de la ville, assurent autorités irakiennes et coalition internationale, rendrait encore plus difficile tout passage d’armes et de jihadistes entre les deux pays. Les forces gouvernementales sont basées à l’aéroport militaire de Tal-Afar, distant de quelque 6 km de la ville même. Il avait été repris en novembre dernier aux jihadistes lors de l’offensive de Mossoul.
La «victoire décisive» à Mossoul n’a «pas marqué la fin de l’EI en Irak ni de sa menace mondiale», a prévenu dimanche la coalition internationale, alors que l’organisation jihadiste vient de revendiquer des attentats meurtriers en Espagne et en Russie. La reprise de Tal Afar est «un autre combat important qui doit être mené pour s’assurer que le pays et ses habitants se débarrassent enfin de l’EI», a ajouté le général américain Stephen Townsend, chef des forces de la coalition.
Mais dans cette bataille, les habitants pourraient être piégés entre deux feux, préviennent les humanitaires, après avoir lancé le même signal d’alarme pour Mossoul. «Les conditions de vie dans la ville sont extrêmement dures, les habitants n’ont pas le minimum nécessaire à la survie», a affirmé dans un communiqué Lise Grande, coordinatrice humanitaire des Nations unies pour l’Irak. Elle s’est dite «très inquiète des énormes risques encourus par les familles», plaidant pour que «tout soit fait par les parties dans le conflit pour éviter des pertes civiles».
Tracts sur des fiefs de l’EI
Il est difficile de déterminer le nombre actuel de civils à Tal Afar, car comme dans les autres fiefs de l’EI, ils sont coupés du monde extérieur. Selon la coalition internationale, ils seraient entre 10 000 et 50 000 dans et autour de la ville. Des responsables locaux accusent le millier de jihadistes qui se trouveraient à Tal Afar de se servir d’eux comme boucliers humains. S’il a un temps contrôlé jusqu’à près d’un tiers du territoire irakien, l’EI ne tient plus désormais dans le nord que Tal Afar et Hawija, plus au sud. Il est aussi présent dans la vaste et désertique province occidentale d’Al-Anbar, où il contrôle plusieurs zones le long de la frontière syrienne, notamment celle d’Al-Qaïm.
Dans la nuit, les forces irakiennes ont largué sur Hawija des tracts signés du ministère de l’Intérieur appelant les habitants à «se préparer car vos forces armées ont fait de la reprise de votre ville leur prochain objectif». De même dans la région de Rawa, dans la zone d’Al-Qaïm, ils ont lancé des tracts demandant aux habitants de «préparer un bon accueil aux forces armées, comme l’ont fait les habitants de Mossoul».
Le Quotidien/AFP