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Les forces irakiennes entrent à l’ouest de Mossoul après avoir repris l’aéroport


Des forces irakiennes se rassemblent aux abords de l'aéroport de Mossoul, le 23 février 2017. (Photo : AFP)

Les forces irakiennes sont entrées vendredi dans l’ouest de Mossoul, pour la première fois depuis le début il y a quatre mois de l’offensive pour reprendre totalement la deuxième ville d’Irak tombée en 2014 aux mains des jihadistes.

C’est la reconquête de l’aéroport désaffecté de Mossoul et d’une base proche qui leur a permis d’enfoncer les lignes du groupe Etat islamique (EI), leur premier grand succès dans la bataille pour la reconquête de la partie occidentale de cette ville du nord de l’Irak, lancée dimanche. Après ses revers ces derniers mois, l’EI est sur la défensive en Irak mais également en Syrie voisine, où il a été chassé jeudi de son dernier grand fief de la province d’Alep, Al-Bab, par des groupes rebelles syriens appuyés par la Turquie.

Mais le groupe extrémiste parvient toujours à frapper avec des attentats meurtriers. En Syrie, 42 personnes ont péri près d’Al-Bab dans une explosion suicide qui porte la marque de l’EI et en Irak, 15 gardes-frontières sont morts dans une attaque près de la frontière jordanienne, attribuée à l’organisation jihadiste. Les attentats suicide sont largement utilisés par l’EI pour ralentir la progression à Mossoul des forces irakiennes dont ils sont la hantise.

Près d’un mois après la reprise du secteur oriental de Mossoul, le 24 janvier, des milliers d’hommes de la Force d’intervention rapide (FIR), des unités d’élite du contre-terrorisme (CTS) et de la police fédérale participent à l’assaut pour reprendre Mossoul-Ouest avec le soutien crucial de l’aviation de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis. «Je peux confirmer que l’aéroport est totalement libéré», a déclaré le général Abbas al-Joubouri, commandant de la FIR qui a dirigé l’assaut. Les membres du CTS ont eux repris une base militaire ainsi qu’un village au sud-ouest de Mossoul avant de pénétrer dans un quartier résidentiel de l’ouest de Mossoul, a précisé le lieutenant Sami al-Aridhi.

Rude bataille

«Nous avons attaqué et repris le contrôle total de la base de Ghazlani, ainsi que de Tal al-Rayyan (…) et nous attaquons (actuellement) le quartier de Al-Maamoun», a-t-il précisé. L’avancée des forces irakiennes intervient au sixième jour de la nouvelle phase de l’offensive militaire de grande envergure lancée le 17 octobre pour chasser les jihadistes Mossoul, leur dernier grand fief en Irak. C’est lors d’une opération éclair en juin 2014 que l’EI avait pris Mossoul et d’autres régions du pays avant de proclamer un «califat» à cheval sur l’Irak et la Syrie, où le groupe ultraradical occupe de vastes régions.

La coalition internationale qui bombarde également l’EI en Syrie, veut en finir avec ce groupe ultraradical responsable d’atrocités et d’attentats sanglants dans plusieurs pays arabes et occidentaux. Outre l’aviation de la coalition, des conseillers militaires américains sont présents sur la ligne de front. Dans l’ouest de Mossoul, les forces irakiennes risquent d’affronter une résistance importante et la bataille s’annonce difficile avec des ruelles étroites, notamment dans la vieille ville, et des jihadistes mieux implantés et tentés de recourir aux civils comme boucliers humains.

Quelque 2 000 combattants de l’EI se trouvent à Mossoul-Ouest, selon les estimations du renseignement américain. Encerclés de toutes parts, ils devraient vendre chèrement leur peau en menant des attentats suicide.

Civils pris au piège

L’ONU et les ONG s’inquiètent pour les 750 000 habitants de Mossoul-Ouest, dont près de la moitié sont des enfants. Leurs conditions de vie sont de plus en plus difficiles dans cette zone désormais coupée de l’extérieur et privée d’approvisionnement. Tous les ponts sur le fleuve Tigre qui relie l’est à l’ouest de la ville ont été détruits. Selon des sources médicales et des habitants de Mossoul-Ouest, certains commencent à mourir de malnutrition et du manque de médicaments.

L’ONG Save The Children a appelé à «tout faire» pour «protéger» les quelques 350 000 enfants dans l’ouest de Mossoul. «Ces enfants doivent choisir entre les bombes, les combats et la faim s’ils restent et les exécutions et les tirs de snipers s’ils tentent de fuir». Une perte totale de Mossoul représenterait un terrible revers pour l’EI qui ne contrôlerait plus alors qu’une région autour de la ville irakienne de Hawija, à 180 km au sud-est de Mossoul, la cité de Tal Afar, à l’ouest, et de petites localités dans l’ouest irakien.

Le Quotidien