Accueil | Monde | Les Européens unis derrière Zelensky

Les Européens unis derrière Zelensky


Volodymyr Zelensky a été chaleureusement accueilli par le président du Conseil européen, Antonio Costa, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. (photo AFP)

Réunis jeudi en sommet de crise à Bruxelles, les dirigeants européens ont affiché leur soutien à l’Ukraine et leur détermination à booster leur défense. Un paquet de 800 milliards d’euros a été adopté.

Dans un contexte géopolitique totalement chamboulé, les échanges et les initiatives se multiplient à une vitesse vertigineuse.

L’émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, a annoncé qu’il rencontrerait une délégation ukrainienne la semaine prochaine, à Riyad ou à Djeddah, pour définir «un cadre pour un accord de paix et un cessez-le-feu initial». Près d’une semaine après la violente altercation entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky dans le Bureau ovale, les deux parties manifestent leur volonté de reprendre le dialogue.

Londres a de son côté annoncé discuter avec une vingtaine de pays intéressés à contribuer à un maintien de la paix dans le cadre d’un éventuel accord avec la Russie. Paris réunira aujourd’hui des chefs d’état-major des armées des nations européennes prêtes à garantir un futur arrêt des combats sur le sol ukrainien.

«Un moment décisif» pour l’UE et l’Ukraine

«Nous sommes très reconnaissants de ne pas être seuls. Et ce ne sont pas seulement des mots. Nous le ressentons», a lancé le président ukrainien lors du sommet exceptionnel des 27 dirigeants des pays de l’UE destiné d’abord à muscler la défense européenne.

Dans un contraste saisissant avec l’image d’un président américain menaçant à la Maison-Blanche, Volodymyr Zelensky était entouré du président du Conseil européen, Antonio Costa, et de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui ont insisté sur leur détermination à soutenir Kiev.

L’Europe et l’Ukraine sont à un «moment décisif», a martelé cette dernière, promettant de donner aux Ukrainiens «les moyens de se protéger et d’œuvrer en faveur d’une paix juste et durable».

Face à la menace russe et à celle du désengagement américain, les lignes bougent. Effectuant un virage longtemps inimaginable, l’Allemagne envisage désormais des investissements massifs pour renforcer son armée. Jusqu’ici apôtre d’une stricte orthodoxie budgétaire, elle vient même – à la stupéfaction de nombreux diplomates – de plaider pour une réforme du «corset budgétaire» de l’UE.

Jeudi en début de soirée, les Vingt-Sept ont donné leur feu vert au plan présenté par la Commission européenne pour «réarmer» le continent. Le texte vise à mobiliser, à terme, quelque 800 milliards d’euros. Parmi les pistes, la possibilité pour les États membres d’accroître sensiblement leurs dépenses militaires sans que cela soit pris en compte dans leur déficit.

La façon dont l’Europe doit se mettre en ordre de marche sur l’Ukraine ne fait toutefois pas l’unanimité.

Le Premier ministre hongrois nationaliste, Viktor Orban, ardent soutien de Donald Trump, a mis en garde contre l’adoption de conclusions écrites sur l’Ukraine à l’issue du sommet, faisant courir le risque de voir les divisions éclater au grand jour. Cela n’a pas empêché les 26 autres chefs d’État et de gouvernement à adopter, tard jeudi soir, un texte final, soulignant notamment que tout accord de paix «doit respecter l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine».

La Turquie prête à déployer des troupes

Washington a gelé jeudi son aide militaire à l’Ukraine. Un «pari dangereux», a commenté la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas.

Volodymyr Zelensky demande par ailleurs de solides garanties de sécurité à ses alliés occidentaux dans le cadre de potentiels pourparlers afin de s’assurer que l’armée russe n’envahisse pas à nouveau son pays après une hypothétique cessation des hostilités.

La Turquie, qui dispose de la deuxième armée au sein de l’OTAN en nombre d’hommes, a quant à elle souligné être prête à déployer des forces «si nécessaire» en vue de faire respecter un arrêt des combats.

Pour Emmanuel Macron, la Russie a «déjà fait du conflit ukrainien un conflit mondial», et, dans ce contexte, «rester spectateur serait une folie». Sa proposition d’ouvrir un débat sur la protection de l’Europe par l’arsenal nucléaire français fait d’ailleurs son chemin (lire également ci-dessous). C’est «très prometteur», a réagi le chef du gouvernement polonais, Donald Tusk.

Un parapluie nucléaire français sur l'Europe?
«Une piste intéressante», soutient Frieden

À son arrivée, jeudi, à Bruxelles, le Premier ministre luxembourgeois a brièvement réagit à l’idée d’un parapluie nucléaire français sur l’Europe. La proposition du président Emmanuel Macron est qualifiée de «piste intéressante» par Luc Frieden. Ce parapluie aurait d’ailleurs déjà été «par le passé, à disposition des pays du Benelux». Désormais, il faudrait vérifier l’option mise sur la table. «Nous devons penser Europe. Si la France le fait, cela est à saluer», conclut le chef du gouvernement luxembourgeois.

Newsletter du Quotidien

Inscrivez-vous à notre newsletter et recevez tous les jours notre sélection de l'actualité.

En cliquant sur "Je m'inscris" vous acceptez de recevoir les newsletters du Quotidien ainsi que les conditions d'utilisation et la politique de protection des données personnelles conformément au RGPD .