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Les États-Unis tentent de s’unir face à la tragédie d’Harvey


Le président américain Donald Trump au centre des opérations d'urgence à Austin, le 29 août 2017 au Texas. (Photo : AFP)

Les tragédies humaines et l’ampleur des destructions causées au Texas par la tempête Harvey ont généré aux États-Unis, au moins temporairement, un sentiment d’union sacrée dans un pays qui semble plus divisé que jamais.

Les tirs croisés entre partisans du président républicain Donald Trump et ses adversaires se sont tus, alors que le climat politique était particulièrement acrimonieux depuis les incidents de Charlottesville, où une manifestante a été tuée par un sympathisant nazi.

«Je n’entends plus le vitriol des sept derniers mois» et l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, «c’est une situation incroyablement tragique. Ce n’est pas sans risque si on se montre trop partisan», remarque Sherry Bebitch Jeffe, professeure à l’université USC de Los Angeles. Le président américain, prompt à dénigrer ses adversaires, a montré l’exemple avec un ton plus rassembleur, tandis que l’action du gouvernement fédéral était généralement louée.

Une seule famille

«Les moments tragiques comme celui-ci font ressortir le meilleur de l’Amérique (…) Nous sommes une seule famille américaine. Nous nous blessons, nous luttons et croyez-moi, nous endurons (les épreuves) ensemble», a-t-il déclaré lundi. L’ex-président démocrate Barack Obama a quant à lui tweeté: «merci à tous les secouristes et aux gens qui aident les autres. C’est ce que font les Américains».

Fréquent pourfendeur de Donald Trump, le gouverneur de l’Etat de New York Andrew Cuomo a quant à lui assuré que «tout comme cette nation s’est unie pour soutenir New York après l’ouragan Sandy» en octobre 2012, son Etat «se tient prêt à fournir au (Texas et à la Louisiane tout) ce dont ils pourraient avoir besoin». Des écoles californiennes collectaient des vêtements, l’Académie du disque à Los Angeles a créé un fonds de soutien aux musiciens sinistrés, la ville de New York a envoyé plus de 70.000 repas aux victimes chassées de chez elles par le déluge, l’Arizona a envoyé des troupes, des refuges pour animaux aux quatre coins du pays faisaient de la place pour accueillir chiens et chats de déplacés, etc.

Les célébrités se sont mobilisées: la famille Kardashian a promis 500 000 dollars, l’actrice Sandra Bullock un million, la pop-star Beyoncé, a promis d’aider les victimes de Houston, sa ville natale… De nombreuses personnalités du monde du sport ont également donné des millions de dollars. Le géant de la distribution Wal-Mart fournit des biens de première nécessité aux refuges accueillant les sinistrés et a promis au moins un million de dollars, autant que Disney, tandis que le brasseur Anheuser-Busch a suspendu sa production de bière en Georgie (sud-est) pour livrer des milliers de cannettes d’eau potable aux déplacés.

Malgré les nombreux commentaires désobligeants de Trump sur les immigrés d’origine mexicaine, qu’il a assimilés à des violeurs, drogués et criminels, même le Mexique s’est dit prêt à «apporter toute l’aide possible». «Ils ont tous bien réagi mais ce n’est pas le vrai test», qui interviendra quand il faudra voter des budgets pour les programmes d’aide aux victimes, estime Julian Zelizer, professeur d’affaires publiques à l’université de Princeton.

Quand l’unité se délite

«Comme on l’a vu avec Sandy, c’est en général à ce moment que (l’unité) se délite». La chef des parlementaires démocrates Nancy Pelosi, après avoir salué les sauveteurs et autres volontaires, a souligné que «les Républicains doivent maintenant se joindre aux Démocrates» pour voter une enveloppe d’aide aux victimes. Pour Mark Martinez, professeur de sciences politiques à l’université de Bakersfield, des fissures transparaissaient malgré tout dans l’apparent front uni.

Le maire démocrate de Houston Sylvester Turner, a ainsi déclaré: «nous faisons front d’un seul bloc. Nous ne construisons pas des murs, nous bâtissons des relations et prenons soin des gens». Un pied-de-nez à Donald Trump et son projet de mur à la frontière mexicaine. Autre pique à peine voilée face au discours anti-immigrés du président, le maire, avocat de carrière, a aussi lancé que si des sans-papiers avaient besoin d’aide et que quelqu’un voulait en profiter pour les faire expulser, «je les défendrai moi-même».

Certains n’ont pu s’empêcher de rappeler, un brin revanchards, que beaucoup de parlementaires républicains y compris texans avaient voté contre des aides fédérales de 50 milliards de dollars pour les victimes de Sandy. «Je n’abandonnerai pas le Texas comme Ted Cruz (sénateur républicain du Texas) l’a fait pour New York», a ainsi tweeté Peter King, l’un des députés de l’Etat de New York, pourtant lui aussi membre du Grand Old Party.

Le Quotidien/AFP