Une tempête de neige « potentiellement meurtrière » a déferlé samedi sur le nord-est des Etats-Unis avec de terribles rafales de vent, paralysant les transports et la vie quotidienne de 70 millions d’habitants.
Une grande partie de la région de la Nouvelle-Angleterre et l’est du pays a été toute la journée sous le coup d’une alerte au blizzard, baptisée « bomb cyclone » par la météo américaine.
Dans une mégapole de New York désertée et battue par un vent glacial, de rares passants sur Times Square recouvert de neige sont tombés stupéfaits sur le célèbre « cow-boy nu », alias Robert Burck, un artiste de rue qui joue de la guitare et chante quel que soit le climat.
Comme à son habitude, il ne portait qu’un slip, son chapeau et ses bottes, impassible malgré le froid.
« Times Square est à la fois magique et glacial », s’est émerveillé devant Bendit Almavit, un résident new-yorkais.
« Happy Snow Day »
À Brooklyn, dans le quartier branché de Cobble Hill, les trottoirs étaient recouverts d’au moins 30 centimètres de neige et nombre de commerces sont fermés. « Happy Snow Day! » (« Joyeux jour de neige ! »), a toutefois lancé un habitant du quartier, tout sourire, en sortant d’un des petits immeubles en brique typiques du quartier, aux toits blanchis.
Le gigantesque réseau de métro de la mégapole de neuf millions d’habitants a fonctionné à peu près normalement et servi, comme pour chaque intempérie, de refuge aux milliers de personnes sans-abri de cette ville aux profondes inégalités socio-économiques.
Morte de froid
Au nord de la ville, sur Long Island, le cœur de la tempête, ce sont 60 cm qui se sont accumulés dans la soirée selon la gouverneure de l’Etat de New York Kathy Hochul.
Elle a mis en garde contre « une tempête très sérieuse » et « potentiellement meurtrière », mais seule une femme a été retrouvée sans vie dans sa voiture, possiblement morte de froid, selon le chef du comté de Nassau, Bruce Blakeman.
Dans le comté voisin et huppé de Weschester, les chasse-neige se sont activés dès l’aube pour dégager les routes et voies qui serpentent entre les maisons bourgeoises enveloppées par la neige.
Les lignes de trains desservant les banlieues nord de New York ont été à l’arrêt toute la journée.
L’état d’urgence avait été décrété vendredi soir pour les États de New York et du New Jersey et la gouverneure Hochul avait demandé « d’éviter à tout prix » les déplacements.
Le service météo national (NWS) a enregistré des rafales de vent de 80 à 120 km/h et pronostique des températures polaires dans la nuit de samedi à dimanche et des coupures de courant, habituelles chaque hiver quand la puissance du vent ou le poids de la neige arrachent les lignes électriques. Quelque 90.000 foyers dans le Massachusetts étaient sans électricité selon le site poweroutage.us.
Iguanes gelés en Floride
Du côté des aéroports du nord-est, quelque 3.500 vols ont été annulés samedi et plus d’un millier déjà pour dimanche, à l’arrivée ou au départ du pays, selon le site de suivi aérien FlightAware.
Rencontrés à Manhattan, Sophie et Hervé Galy, des touristes français, disent avoir « eu de la chance » car ils sont « arrivés » vendredi et doivent repartir mardi.
À Boston, la nouvelle maire Michelle Wu avait prévenu samedi matin d’une « tempête historique et « très mauvaise », et des habitants du Massachusetts se sont rués dans les magasins pour acheter des pelles afin de déneiger les trottoirs, une obligation.
Dans cet Etat, Eric Calessandro, résident à Marshfield, n’a plus de courant depuis la mi-journée mais a raconté avoir lancé son « générateur de 8.000 watts pour chauffer sa maison » où il a « stocké de l’eau et de la nourriture ». Dans cette région, des vagues submersives ont frappé la côte Atlantique.
Même au sud, en Floride, d’habitude tropicale, des alertes pour le gel ont été lancées avec le risque de faire chuter de leurs arbres les fameux iguanes pesant jusqu’à neuf kilogrammes.