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Les Etats-Unis n’ont pas « abandonné » la Syrie, se défend John Kerry


"Nous ne laissons pas tomber le peuple syrien, nous n'abandonnons pas la poursuite de la paix, nous n'allons pas déserter le champ multilatéral, nous allons continuer à chercher à avancer pour mettre fin à cette guerre", a martelé John Kerry depuis Bruxelles. (photo AFP)

Les Etats-Unis n’ont « pas abandonné » la Syrie et n’ont pas renoncé à rechercher un plan de paix pour ce pays dévasté par la guerre, malgré la suspension de leur coopération avec la Russie, a assuré mardi le secrétaire d’Etat John Kerry.

« Nous ne laissons pas tomber le peuple syrien, nous n’abandonnons pas la poursuite de la paix, nous n’allons pas déserter le champ multilatéral, nous allons continuer à chercher à avancer pour mettre fin à cette guerre », a martelé John Kerry dans un discours sur les liens transatlantiques à Bruxelles, devant un centre de réflexion.

Le secrétaire d’Etat a par ailleurs lancé une virulente attaque contre le régime syrien et la Russie « qui ont rejeté la diplomatie pour la poursuite d’une victoire militaire en passant sur des corps brisés, des hôpitaux bombardés et les enfants traumatrisés d’une terre martyre », au moment où Alep, ville stratégique du nord de la Syrie, est en proie à de violents combats de rue, accompagnés de bombardements massifs qui ont suscité l’indignation des pays occidentaux.

« Nous n’avons pas suspendu les efforts de déconfliction entre nos militaires et l’armée russe de façon à renforcer notre combat contre Daech (acronyme de l’organisation Etat islamique, EI) », a cependant insisté M. Kerry, en visite dans la capitale européenne jusqu’à mercredi pour participer à une conférence de donateurs sur l’Afghanistan.

« Et, comme auparavant, nous allons continuer à rechercher une cessation durable des hostilités à travers tout le pays, qui inclut le maintien au sol des avions de combat russes et syriens dans des zones désignées », a-t-il ajouté.

« À bout de patience »

Les Etats-Unis ont annoncé lundi qu’ils suspendaient leurs pourparlers avec la Russie sur un cessez-le-feu en Syrie, après la destruction totale du plus grand hôpital du secteur rebelle d’Alep dans un bombardement aérien.

Le régime syrien mène depuis onze jours, avec l’aide de la Russie, une vaste offensive pour reprendre cette partie d’Alep, au prix de bombardements massifs qui ont suscité l’indignation des pays occidentaux. « Tout le monde est à bout de patience avec la Russie », a déclaré le porte-parole de la Maison Blanche, Josh Earnest. « Il n’y a plus rien dont les Etats-Unis et la Russie puissent parler » à propos de la Syrie, a-t-il ajouté.

Moscou a assuré peu après « regretter » la décision de Washington. De son côté, l’envoyé spécial des Nations unies pour la Syrie Staffan de Mistura a assuré dans un communiqué que l’ONU allait « continuer à faire pression énergiquement en faveur d’une solution politique au conflit syrien malgré l’issue extrêmement décevante des discussions longues et intenses entre deux acteurs internationaux cruciaux ».

Le Quotidien / AFP

À Alep, « l’enfer sur Terre »

Dans le secteur rebelle d’Alep, décrit comme « l’enfer sur Terre » par l’ONU qui évoque « la plus grave catastrophe humanitaire jamais vue en Syrie », le plus grand hôpital a été complètement détruit lundi par des raids.

Moscou s’est félicité de la « grande efficacité » de ses frappes, démentant tout bombardement d’hôpital ou d’école malgré les accusations des Occidentaux. « L’hôpital a été visé directement par des raids aériens », a indiqué Rami Abdel Rahmane, directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

« L’hôpital M10, le plus grand d’Alep-Est, (…) a été détruit, et n’est plus en service de manière permanente », a tweeté Adham Sahloul, de la Syrian American Medical Society (SAMS), une ONG médicale qui soutient l’hôpital.

« Peur pour le personnel »

« On a peur que l’immeuble s’effondre sur la partie souterraine de l’hôpital » (…) nous avons peur pour le personnel », a ajouté M. Sahloul. D’après SAMS, le bombardement a fait trois morts parmi les employés de maintenance de l’hôpital, connu sous le nom de code M10 pour des raisons de sécurité. L’établissement a été visé à plusieurs reprises par des raids aériens, notamment samedi.

L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) n’a pas été en mesure d’indiquer si les tirs provenaient d’avions du régime ou de son allié russe. Depuis son lancement le 22 septembre, cette campagne militaire a permis aux forces pro-gouvernementales de grignoter du terrain aux rebelles dans le centre et le nord d’Alep, avec des bombardements qui ont fait au moins 220 morts selon l’OSDH.

Divisée depuis 2012 entre secteur Ouest contrôlé par le régime et des quartiers Est aux mains des rebelles, Alep est devenue le principal front du conflit syrien, qui a fait plus de 300.000 morts en cinq ans. Environ 250.000 personnes, dont 100.000 enfants, vivent dans les quartiers Est assiégés par le régime, selon l’ONU.

« Les accusations selon lesquelles la Russie aurait bombardé des installations médicales, des hôpitaux ou des écoles sont toutes sans fondement », a indiqué un vice-ministre russe des Affaires étrangères Guennadi Gatilov, estimant que l’intervention des forces aériennes russes avait aidé à « éviter un chaos absolu » en Syrie.