Les Croates s’apprêtent à élire dimanche leur président, un scrutin dont la victoire semble promise au sortant, Zoran Milanovic, un socialiste historique flirtant de plus en plus avec les discours populistes.
Élu président en 2020, après une longue carrière politique, Zoran Milanovic devance dans les sondages les sept autres candidats avec plus de 30% des intentions de votes. Pas de quoi remporter l’élection au premier tour : il devrait selon les dernières études d’opinion affronter au second tour le candidat du HDZ (droite conservatrice) Dragan Primorac.
S’il a peu de pouvoirs, le président est vu par les Croates comme un vecteur de stabilité et un rouage garantissant le bon fonctionnement des institutions. Il est aussi le chef des armées et le représentant du pays sur la scène internationale de ce pays de 3,8 millions d’habitants, membre de l’Union européenne depuis 2013.
« Ses pouvoirs sont minimes mais le président peut beaucoup », explique Davor Faget, diplomate à la retraite, « il faut donc que ce soit quelqu’un de digne, et qui connait son sujet », ajoute David Faget qui espère voir Milanovic remporter un second mandat.
Dans un pays marqué par de nombreux scandales financiers impliquant des hommes politiques – plus d’une dizaine de ministres ont dû démissionner depuis 2016 et l’arrivée du HDZ au pouvoir, Zoran Milanovic joue la partition de la résistance face à une droite présentée comme corrompue.
Faisant de l’élection un duel entre deux hommes : le président sortant et son ennemi juré et actuel Premier ministre, Andrej Plenkovic.
« Les programmes des candidats sont médiocres »
« Ce duel entre le Premier ministre et le président est une constante de la politique croate depuis une décennie », explique à l’AFP l’analyste politique Tihomir Cipek. Les échanges de noms d’oiseaux sont donc courants.
Le candidat du HDZ, Dragan Primorac, médecin et scientifique réputé a ainsi fustigé en meeting un pays « déshonoré par l’action du président » qu’il a accusé de n’aimer « ni la patrie, ni le travail » et « se lever à 11h30 » et « d’aimer se chamailler ».
En échange, Zoran Milanovic – qui a limité les petites phrases depuis le début de la campagne – a quand même accusé le Premier ministre d’être « un danger pour la démocratie croate » et critiqué « un seul homme et un seul parti qui gèrent la Croatie de façon irresponsable ».
Au milieu, les électeurs se lassent.
« Les programmes des candidats sont médiocres », résume Katarina Kozul Baranovic, une designer. « Tout tourne autour de chamailleries plutôt que de proposer des choses constructives, des programmes », ajoute cette femme de 48 ans qui votera pour « le moins pire ».
Les électeurs les plus jeunes, eux, s’inquiètent de leur avenir et sont avant tout pessimistes quant aux chances d’avoir un logement, un emploi, de pouvoir fonder une famille, dans un pays qui a vu 400.000 personnes émigrer depuis 2013.
« Peut-être que c’est pour ça qu’on vote peu », explique Iva Jurisic, une étudiante de 18 ans. « Parce qu’on est fatalistes. Nous n’attendons pas grand-chose ».