L’Union européenne a décidé vendredi de durcir les contrôles à ses frontières extérieures pour répondre aux failles apparues après les attentats de Paris, pendant que l’enquête montrait qu’au moins deux de leurs auteurs avaient suivi le chemin des migrants pour venir en Europe.
« Notre réaction collective doit être implacable. Il faut sortir des atermoiements et des lenteurs. Sinon l’Europe se perdra », a prévenu Bernard Cazeneuve à Bruxelles, où s’est tenue une réunion des ministres de l’Intérieur et de la Justice de l’UE.
Emmenés par la France, les 28 ont obtenu l’instauration de contrôles systématiques à leurs frontières extérieures, y compris de leurs ressortissants. Et la Commission européenne proposera d’ici la fin de l’année une révision des règles de Schengen.
La France maintiendra le contrôle à ses frontières, rétabli il y a une semaine, « aussi longtemps que la menace terroriste le nécessitera ».
L’illustration des défaillances de la lutte antiterroriste aura été le retour incognito en Europe du jihadiste belgo-marocain Abdelhamid Abaaoud, tué mercredi dans un assaut policier à Saint-Denis, dans la proche banlieue nord de Paris. Comment cet homme, cerveau présumé des attentats du 13 novembre, a-t-il pu se déplacer librement alors qu’il faisait l’objet d’un mandat d’arrêt international ? « Nous ne savons pas », a reconnu le Premier ministre Manuel Valls.
Le soir des attaques terroristes, revendiquées par Daech, il a été filmé vers 22h par une caméra de la RATP à une station de métro de Montreuil. Une Seat noire, utilisée par le « commando des terrasses » pour mitrailler cafés et restaurants, a été retrouvée abandonnée non loin de là. Abaaoud faisait-il partie de ce commando ? Selon une source proche de l’enquête, il a manipulé une kalachnikov retrouvée dans la voiture.
La traque d’Abdeslam se poursuit
Au moins un assaillant présumé du carnage parisien, qui a fait 130 morts et quelque 350 blessés, est toujours traqué : Salah Abdeslam, qui a aussi joué un rôle de logisticien des attentats. Il a sans doute été exfiltré, au moins dans un premier temps, par deux complices présumés, écroués depuis en Belgique.
Outre ces deux hommes, un troisième suspect a été inculpé vendredi par la justice belge de « participation à des attentats terroristes » et « aux activités d’un groupe terroriste », puis placé en détention provisoire.
Les enquêteurs ont identifié vendredi, par ses empreintes digitales, Hasna Ait Boulahcen, 26 ans, cousine d’Abaaoud, dans les décombres de l’appartement de Saint-Denis. Selon une source policière, elle n’est pas morte en kamikaze, contrairement à ce qu’indiquaient les premiers éléments de l’enquête. Un troisième homme mort en se faisant exploser dans l’appartement n’a pas été identifié.
En fin de journée, le parquet de Paris a également annoncé qu’un kamikaze qui s’était fait exploser près du Stade de France avait été contrôlé le 3 octobre en Grèce, en même temps qu’un autre, qui s’était mêlé aux migrants fuyant la guerre en Syrie. Cet homme a été identifié par ses empreintes digitales, enregistrées lors de son passage sur l’île grecque de Leros.
AFP/A.P