Les dirigeants catalans sont engagés dans un bras de fer sans précédent avec le gouvernement espagnol, mais plusieurs autres régions dans l’Union européenne portent à des degrés divers des revendications indépendantistes.
La Corse est la seule collectivité en France (hors territoires d’outremer) à disposer d’un statut particulier. Après des décennies marquées par des attentats, le Front de libération nationale de la Corse (FLNC) a annoncé en 2014 déposer les armes. Grâce à une alliance indépendantistes-modérés, les nationalistes ont pris la tête de l’Assemblée territoriale en 2015. En juin, l’île a élu trois députés nationalistes à l’Assemblée nationale. L’Assemblée de Corse a réclamé plusieurs réformes comme la reconnaissance du corse comme langue officielle à côté du français ou un statut fiscal spécifique. Mais seule l’instauration d’une collectivité unique le 1er janvier prochain, remplaçant les deux départements et l’actuelle collectivité territoriale, a été validée par Paris. Le 22 septembre, l’Assemblée de Corse a souligné « la légitimité incontestable du gouvernement de la Catalogne ».
Région semi-autonome du Royaume-Uni depuis 1998, l’Écosse est dotée d’un Parlement disposant d’un large éventail de compétences. Diplomatie et défense relèvent de Londres. L’Écosse a dit non à l’indépendance par 55% des voix lors d’un référendum en 2014. Mais le Brexit a relancé le projet des nationalistes. Les lourdes pertes enregistrées par son Parti national écossais (SNP) aux législatives de juin ont toutefois contraint la Première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, à repousser la décision sur la tenue d’un second scrutin à l’automne 2018. Après le référendum en Catalogne, Nicola Sturgeon a appelé l’Espagne à « changer de cap » et condamné l’intervention de la police.
La Flandre, région néerlandophone du nord de la Belgique, a obtenu ces dernières décennies de nombreuses compétences et domine la scène politique et économique. La Nouvelle alliance flamande (N-VA), incarnation politique d’un nationalisme flamand, a renforcé sa place de premier parti du pays lors des législatives de 2014, devenant la pierre angulaire du gouvernement fédéral du francophone Charles Michel. Partisane de la création d’une république flamande, la N-VA entend relancer la marche vers l’autonomie en 2019. Geert Bourgeois, ministre-président indépendantiste de la Flandre, a enjoint dimanche Madrid à « stopper la violence » et à dialoguer avec « les dirigeants légitimes d’un peuple pacifique ».
Les îles Féroé, archipel du Danemark dans l’Atlantique Nord, doivent organiser en avril 2018 un référendum sur une nouvelle Constitution leur donnant le droit à l’autodétermination. Ce territoire a obtenu son autonomie en 1948, possède un parlement et des eaux territoriales. Mais affaires étrangères et défense restent du ressort du Danemark.
La tension indépendantiste s’est apaisée au Pays basque, qui se partage entre l’Espagne et la France, depuis que le mouvement Batasuna, branche politique de l’ETA, a annoncé sa dissolution en janvier 2013. L’organisation séparatiste, considérée comme responsable de la mort de 829 personnes en 40 ans de violences, avait elle-même annoncé en octobre 2011 l’arrêt de son action armée. Mais le séparatisme basque n’a pas disparu. La coalition de gauche indépendantiste EH Bildu est la deuxième force politique locale. Le Pays Basque bénéficie par ailleurs d’une fiscalité autonome très avantageuse, un système que réclament les Catalans. Dimanche, 40 000 personnes ont manifesté à Bilbao, en soutien au référendum catalan. Le président régional Iñigo Urkullu (nationaliste et conservateur) a appelé le 24 septembre à la reconnaissance des nations catalane et basque.
La Nouvelle-Calédonie, archipel français du Pacifique sud, doit organiser au plus tard en novembre 2018 un référendum d’autodétermination, à l’issue des 20 années de l’Accord de Nouméa, qui a mis en oeuvre un processus de décolonisation progressive. Compte tenu de la carte électorale, le scrutin devrait être remporté par les non-indépendantistes.
Un référendum visant à réclamer plus d’autonomie pour les régions Lombardie et Vénétie, en Italie, doit se tenir le 22 octobre. Mais le scrutin n’est pas du tout comparable au référendum catalan. Le président de la Lombardie, Roberto Maroni, membre de la Ligue du Nord, a souligné qu’il se déroulait « dans le cadre de l’unité nationale, qu’il n’était pas question d’indépendance ». La Ligue du Nord, qui prônait à l’origine l’indépendance de la « Padanie », est désormais axée sur un discours anti-euro et anti-immigrés.
Le Quotidien/AFP