L’Elysée a défendu lundi l’accord controversé entre l’Union européenne et la Chine sur les investissements, en assurant que les « engagements » pris par Pékin sur le travail forcé et les droits de l’Homme seraient « vérifiés très scrupuleusement ».
Cet accord, conclu le 30 décembre, « ne va pas régler la question des droits de l’Homme en Chine » mais « c’est une brique importante » qui « engage » Pékin, notamment « pour le respect des règles internationales du droit du travail », a affirmé la présidence.
L’accord négocié par Bruxelles depuis sept ans prévoit que la Chine « s’engage (…) à oeuvrer à la ratification des conventions fondamentales de l’Organisation internationale du travail (OIT), y compris celles (interdisant) le travail forcé », selon la Commission européenne.
Mais des responsables politiques européens, notamment du Parlement européen qui aura à ratifier l’accord, accusent l’UE d’avoir sacrifié le sort des Ouïghours à ses intérêts économiques.
L’eurodéputé Bernard Guetta (Renew, soutenu par LREM) a ainsi indiqué, dans une tribune publiée par Libération, qu’il voterait non, car « l’UE ne peut pas traiter des droits de l’homme avec la même et cynique hypocrisie que la dictature chinoise, car c’est se nier soi-même ».
Le Xinjiang en cause
Experts et ONG accusent le régime communiste d’avoir interné au Xinjiang (ouest) plus d’un million de membres de cette minorité musulmane dans des « camps de rééducation » et de les soumettre à des tâches coercitives, notamment le ramassage du coton.
Pour l’Elysée, l’accord UE-Chine « est une première étape » et les Européens vont « suivre la mise en oeuvre des engagements » par Pékin et « vérifier très scrupuleusement qu’ils soient mis en oeuvre », notamment à l’occasion d’un point d’étape prévu en 2022 durant la présidence française de l’UE.
Mais, pour « éradiquer le travail forcé », il faut « que tous les Etats », et pas uniquement les 27 de l’UE, et « toutes les entreprises avancent ensemble » dans un « cadre multilatéral » de renforcement des normes internationales. L’UE « tire dans la même direction que les Etats-Unis », affirme l’Elysée, alors que des critiques estiment que Bruxelles aurait dû s’entendre avec l’administration Biden, qui prend ses fonctions mercredi, avant de signer avec Pékin.
Sur le plan économique, Paris affirme que l’accord va « permettre aux Européens de rééquilibrer la relation avec la Chine » sur le plan des investissements, de l’accès au marché ou des subventions.
Emmanuel Macron, qui s’est engagé au début de son quinquennat à se rendre en Chine une fois par an, « compte tenir cet engagement » en 2021 même s’il n’a pu le faire l’an dernier à cause de la crise du Covid-19, selon l’Elysée. Il pourrait s’y rendre pour participer à la COP15 biodiversité que prévoit d’accueillir la Chine en mai à Kunming.
AFP