Un traitement à l’hydroxychloroquine n’a pas eu d’effet bénéfique par rapport au traitement habituel utilisé pour soigner les patients atteints du Covid-19, selon une étude menée par le CHU d’Angers sur un échantillon de 250 patients, a-t-on appris jeudi auprès du coordonnateur de l’étude.
« Dans cet essai impliquant principalement des patients âgés atteints de Covid-19 de forme légère à modérée, ceux traités à l’hydroxychloroquine n’ont pas présenté une meilleure évolution clinique ou virologique que ceux qui ont reçu un placebo », a expliqué le professeur Vincent Dubée, coordonnateur de cette étude baptisée Hycovid.
D’un âge médian de 77 ans, les 250 malades inclus dans cet essai, retenus parce qu’ils présentaient un risque important d’aggravation, ont été répartis en deux groupes : le premier a reçu 800 mg (en deux prises) d’hydroxychloroquine le premier jour, puis 400 mg (en deux prises) par jour pendant huit jours; le second groupe a reçu un placebo.
« Bien entendu, les patients ont continué à bénéficier, simultanément, des traitements qui leur étaient administrés », soulignent les auteurs de l’étude.
« La différence entre les deux groupes est très minime »
« L’efficacité du traitement a été jugée en comparant le nombre de patients décédés ou transférés en réanimation en raison d’une aggravation respiratoire » dans chacun des deux groupes au cours des 14 jours suivant le début du traitement, a indiqué le professeur Dubée.
Dans ces 14 premiers jours après le début du traitement, neuf patients auxquels avait été administré le dérivé de chloroquine sont décédés ou ont été intubés, tandis que huit l’ont été dans le groupe sous placebo, a précisé le médecin, spécialisé dans les maladies infectieuses et tropicales.
Vingt-huit jours après l’inclusion dans l’un des deux groupes, neuf patients traités par hydroxychloroquine étaient décédés ou intubés, contre douze patients ayant reçu le placebo.
« La différence entre les deux groupes est très minime et n’est pas statistiquement significative, ce qui veut dire qu’elle peut être due au hasard », a estimé le praticien.
L’étude devait initialement inclure 1 300 patients atteints du Covid-19, afin de « clore le débat » sur l’efficacité de l’hydroxychloroquine. Elle a finalement été arrêtée par son promoteur, le CHU d’Angers, après avoir inclus 250 patients, en raison de la baisse du nombre de malades à la fin de la première vague d’épidémie.
L’usage de l’hydroxychloroquine a largement débordé le domaine scientifique pour devenir à travers le monde l’objet d’un débat politique clivant dans l’opinion publique, donnant lieu à de violentes empoignades sur les réseaux sociaux.
LQ/AFP