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L’éducation à la sexualité à l’école, un sujet inflammable en France


Photo : AFP

Le vote d’un décret en Belgique pour généraliser dans les écoles l’éducation à la vie affective et sexuelle a suscité en France une vague de désinformation visant à stigmatiser cet enseignement, un pan des programmes rarement appliqué malgré les voeux pieux des ministres successifs.

Sur les réseaux sociaux, depuis la rentrée scolaire, des parents d’élèves catholiques ou musulmans traditionalistes, des groupes chrétiens d’extrême droite comme Civitas, ou encore le rappeur Rohff mettent en garde: selon eux, le gouvernement français s’apprête à enseigner, « comme en Belgique », « la pédophilie et la perversion à nos enfants ».

Une vague de désinformation sur les réseaux sociaux qui s’appuie sur une contestation plus ancienne, née dès les débuts de l’éducation à la sexualité au sein des établissements scolaires, pendant les années sida (années 80 et 90), et qui s’est renforcée avec son inscription dans la loi en 2001.

Une opposition critiquée par la première fédération de parents d’élèves, la FCPE. Pour Ghislaine Morvan, une de ses responsables, l’éducation à la sexualité constitue « un outil crucial de lutte contre les violences sexistes et sexuelles et contre les LGBT-phobies, au coeur de nombreux cas de harcèlement ».

Or, même si la loi française prévoit en théorie trois heures annuelles d’éducation à la sexualité, dans les faits « le compte n’y est pas », déplore-t-elle.

Selon un sondage Ifop publié début 2023, réalisé auprès d’un millier de jeunes de 15 à 24 ans, 17% disaient n’avoir jamais eu le moindre cours sur la question. Parmi les autres, seul un tiers disait avoir bénéficié des trois séances annuelles prévues.

Selon le ministère de l’Éducation, il incombe pourtant bien aux enseignants du primaire de « faire prendre conscience à l’enfant du nécessaire respect de son corps et de l’autre », avant tout pour prévenir les violences sexuelles, notamment intrafamiliales.

« Peur de la réaction des parents »

Dans le secondaire, la consigne est plus floue: « Enseignants, personnels sociaux et de santé, conseiller principal d’éducation » peuvent se saisir du sujet, mais les séances d’éducation à la sexualité « peuvent être co-animées avec des associations agréées », toujours selon le ministère.

En charge de ces thématiques au syndicat des enseignants du primaire FSU-Snuipp, Sophie Abraham déplore « une insuffisance de formation des personnels, de ressources pédagogiques », et même d’intervenants qualifiés, et ce alors même que les enfants sont exposés de plus en plus tôt à des images pornographiques, via leur téléphone portable.

Et dans le privé, « la prévention à la santé, l’éducation à la sexualité bien souvent ne sont pas réalisées, parfois pour des raisons idéologiques », admet Valérie Ginet, secrétaire nationale du syndicat des personnels de l’enseignement privé Fep-CFDT.

L’école devrait surtout contribuer à la « prévention des violences » et éviter « une approche hygiéniste et technique de la chose », estime de son côté Gilles Demarquet, président de l’association de parents d’élèves de l’enseignement privé Apel.

Quant aux écoles publiques, où « la majorité des collègues n’ont pas les outils qui leur permettent de conduire ces séances en classe », regrette Sophie Abraham, les enseignants y redoutent aussi « la réaction des parents », selon elle.

La levée de boucliers contre le récent décret publié sur ce sujet en Belgique lui rappelle « la polémique autour des ABCD de l’égalité » en France, en 2013, un dispositif visant à lutter contre les stéréotypes et inégalités entre filles et garçons qui avait suscité de vives protestations. A la suite de rumeurs assurant que la masturbation serait enseignée en classe, voire que la transidentité serait érigée comme modèle, le gouvernement avait enterré le projet.

En juin 2023, Pap Ndiaye, alors ministre de l’Éducation, a annoncé saisir le Conseil supérieur des programmes sur la question. Joint fin septembre, le ministère a assuré que ce Conseil avait jusqu’à « la fin novembre » pour élaborer « une proposition de programme d’éducation à la sexualité ».

Un commentaire

  1. L’école dit instruire, c’est à dire, en premier, apprendre aux jeunes à bien parler leur langue et à bien l’écrire ainsi qu’à bien compter.
    La sexualité ne relève pas de l’école, mais des parents ou des expériences personnelles.
    Ce sujet devrait être interdit à l’école.