Un tribunal d’Istanbul a acquitté vendredi la romancière turque Asli Erdogan à l’issue d’un procès controversé pour « activités terroristes » qui a suscité l’inquiétude de la communauté internationale.
Le tribunal a acquitté la romancière des accusations de « tentative de porter atteinte à l’intégrité de l’État » et d' »appartenance à un groupe terroriste », et ordonné l’abandon des poursuites pour « propagande terroriste », selon une correspondante de l’AFP.
Auteure de plusieurs romans traduits à l’étranger, Asli Erdogan était jugée pour avoir collaboré au journal prokurde Ozgür Gündem, fermé par décret en 2016. Les autorités turques accusaient Asli Erdogan d’avoir, en collaborant à Ozgür Gündem, aidé le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un groupe armé qui mène une sanglante guérilla en Turquie et est qualifié de « terroriste » par Ankara.
Un procès emblématique
La romancière âgée de 52 ans, qui ne réside plus en Turquie mais en Allemagne, n’était pas présente à l’audience vendredi. Dans un texte lu par son avocat lors de l’audience vendredi, Asli Erodgan a estimé que l’accuser sur la base « de textes littéraires est une chose que la raison peut difficilement accepter au XXIe siècle et piétine les valeurs sur lesquelles reposent le droit et la littérature ». Elle a en outre souligné que le caractère politique de ses écrits pour Ozgür Gündem « se limitait à (la dénonciation des) violations des droits humains » et réclamé son acquittement.
L’arrestation et la détention pendant plus de 130 jours en 2016 d’Asli Erdogan avaient suscité une vague d’indignation à travers le monde. Pour les ONG, ce procès était emblématique des atteintes croissantes à la liberté d’expression en Turquie, en particulier depuis la tentative de coup d’État du 15 juillet 2016. Après le putsch manqué, le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan a mené une répression implacable qui n’a pas épargné les médias et les milieux intellectuels. Asli Erdogan n’a aucun lien de parenté avec le président Erdogan.
Outre la romancière, le tribunal a acquitté deux autres personnes, dont la linguiste Necmiye Alpay, jugées avec elle dans le procès Ozgür Gündem.
AFP/LQ