Le Venezuela a été déclaré en défaut partiel sur sa dette par l’agence de notation SP Global Ratings, quelques heures avant une nouvelle réunion mardi à New York consacrée aux difficultés financières du pays pétrolier.
Selon l’agence américaine, le gouvernement vénézuélien n’a pas réussi à payer une échéance de 200 millions de dollars portant sur deux obligations, même à l’issue du délai de grâce de 30 jours. Redoutée depuis des semaines, cette annonce survient à un moment de grandes inquiétudes sur les capacités de remboursement du pays, dont la dette extérieure est estimée à 150 milliards de dollars.
Elle pourrait être un prélude à un défaut total – l’impossibilité totale de payer ses dettes – aux conséquences imprévisibles pour le Venezuela, où la population souffre déjà de graves pénuries d’aliments et de médicaments, faute d’argent pour les importer.
Pour contrer cette option, rejetée farouchement par le président socialiste Nicolas Maduro, ce dernier a lancé les grandes manœuvres, convoquant lundi à Caracas une partie des créanciers internationaux afin de renégocier ses conditions d’emprunt. Mais la réunion a duré à peine 25 minutes, s’achevant sans accord mais avec la promesse d’une prochaine rencontre.
Le Venezuela, ruiné notamment par la chute des cours de l’or noir, ne dispose plus que de 9,7 milliards de réserves et doit rembourser au moins 1,47 milliard d’ici fin 2017, puis 8 milliards en 2018. « Nous considérerions toute restructuration (de la dette) comme un échange de créances en difficulté et comme l’équivalent d’un défaut étant donné les liquidités extérieures limitées » du Venezuela, a souligné SP.
« De plus, selon nous, les sanctions américaines à l’encontre du Venezuela et des membres du gouvernement devraient résulter en une longue et difficile négociation avec les créanciers », a ajouté l’agence de notation, alors que selon Caracas, 70% d’entre eux sont Nord-américains (États-Unis et Canada).
Le pays, autrefois le plus riche d’Amérique latine, risque donc de se retrouver coupé des marchés, tout comme son groupe pétrolier PDVSA, et de devoir affronter des poursuites et la saisie d’actifs et de filiales à l’étranger. Selon des participants à la réunion de Caracas, qualifiée de « succès retentissant » par le gouvernement vénézuélien, ce dernier souhaite former des groupes de travail pour évaluer les propositions de renégociation de la dette à court et moyen termes, mais sans plus de précisions.
« L’annonce de restructuration a généré plus d’incertitudes que de certitudes sur les marchés et la réunion plus de questions de que réponses, donc le Venezuela se rapproche d’un défaut de paiement formel au fur et à mesure que se déclarent les retards techniques de paiement », explique l’analyste Diego Moya-Ocampos, du cabinet britannique IHS.
Outre les deux paiements sur lesquels le pays vient de faire défaut, le Venezuela n’a pas versé à temps quatre autres échéances pour un montant total de 420 millions de dollars, selon SP, qui a également « abaissé la note des émissions à long terme en devises à SD (défaut partiel) ».
Mardi, les ennuis financiers du pays seront au menu d’une autre réunion de créanciers, cette fois à New York, à 16 h. Un comité spécialisé de l’Association internationale des produits dérivés (ISDA), composé de 15 sociétés financières, doit décider des suites à donner à un retard de paiement du groupe PDVSA d’un montant de 1,161 milliard. Caracas affirme avoir effectué le paiement mais celui-ci ne serait toujours pas parvenu aux créanciers.
Nicolas Maduro assure, lui, négocier avec la Russie et la Chine, deux alliés auxquels le Venezuela doit respectivement 8 et 28 milliards de dollars. Caracas et Moscou sont sur le point de parapher un accord pour restructurer trois milliards de créances vénézuéliennes, de sources proches concordantes. Une signature est prévue mercredi, a indiqué une source proche du gouvernement russe.
Le ministère russe des Finances a refusé de confirmer cette information et ne prévoit aucun évènement public, mais l’ambassade du Venezuela à Moscou a annoncé la tenue d’une conférence de presse mercredi. Pékin a pour sa part déclaré mardi que sa coopération avec Caracas dans ce dossier « se déroule normalement ».
De son côté, la communauté internationale a accru la pression sur le président Maduro avec l’adoption lundi par l’Union européenne de sanctions dont un embargo sur les livraisons d’armes. Le Venezuela subit déjà les sanctions de Washington qui interdit à ses banques et à ses citoyens d’acheter de nouvelles obligations ou de négocier des accords avec le gouvernement vénézuélien.
Le Quotidien/ AFP