La capitale de cet État insulaire a été balayée par un cyclone de catégorie 5. L’aide s’organise pour venir en aide à la population démunie.
Des vents de plus de 300 km/h ont été enregistrés lors du passage du cyclone sur l’archipel. (Photo : AFP)
L’aide internationale commençait à arriver hier au Vanuatu, dévasté par Pam, un terrible cyclone qui a rasé des villages entiers de l’archipel dans ce qui s’annonce comme l’une des pires catastrophes du Pacifique sud, au bilan humain encore incertain. Selon le Bureau national des catastrophes, six personnes ont été tuées, toutes à Port-Vila, capitale de cet ancien condominium franco-britannique des Nouvelles-Hébrides, où des pillages ont été signalés.
L’ONU a pour sa part fait état de la mort non confirmée de 44 personnes dans cet archipel aux 80 îles, l’un des pays les plus pauvres du monde, où commencent à atterrir des avions militaires étrangers chargés de nourriture et de matériel de secours. Les autorités, qui s’attendent à ce que le bilan s’alourdisse, ont décrété l’état d’urgence dimanche et tentent d’évaluer l’ampleur des dégâts, plus de 48 heures après le passage de Pam, cyclone de catégorie 5 – la plus élevée – avec des rafales de vent dépassant 320 km/h. Les agences humanitaires décrivent un impressionnant spectacle de dévastation : villages rasés, arbres arrachés, routes coupées. Selon l’ONG Oxfam, jusqu’à 90 % des habitations de Port-Vila ont été endommagées. « Cela sera vraisemblablement l’une des pires catastrophes jamais vues dans le Pacifique, l’ampleur des besoins humanitaires sera énorme », a souligné le directeur d’Oxfam pour le Vanuatu, Colin Collet van Rooyen.
> Une pénurie d’eau
Le chef de la police de l’archipel, le colonel Job Esau, a expliqué à Radio New Zealand que certains quartiers de la capitale, dont le front de mer et les centres commerciaux, étaient interdits d’accès dès la tombée de la nuit pour éviter les pillages. Ivan Oswald, vivant au Vanuatu depuis treize ans et propriétaire à Port-Vila « écrasé » par le cyclone, a déclaré avoir vu des gens piller des maisons et des bateaux. « C’est triste… J’ai vu des gens courir partout et commencer à piller… C’est un peu l’anarchie », a-t-il dit par téléphone. « Certains réparent des choses, d’autres en sont incapables. Ils sont juste traumatisés », a-t-il ajouté. La voix brisée par l’émotion, Baldwin Lonsdale, président de l’archipel de 270 000 habitants, a évoqué sur la BBC depuis le Japon un «monstre qui a dévasté notre pays». Il participait à la conférence de l’ONU sur la réduction des risques de catastrophes naturelles. Le directeur pour le Vanuatu de l’ONG Save the Children, Tom Skirrow, a décrit le spectacle « d’une dévastation totale ».
Aurelia Balpe, responsable de la Croix-Rouge pour la région Pacifique, a parlé à un pilote ayant survolé l’île méridionale de Tanna, où vivent 34 000 personnes. « Dans l’Ouest, les structures en tôle ondulée étaient dévastées et les bâtiments en béton n’avaient plus de toit », a-t-elle dit. « Il n’y avait pas d’eau et des informations non confirmées font état de deux morts. » Au passage de Pam, les habitants ont vécu « quinze ou trente minutes de terreur absolue », a raconté Alice Clements, une responsable de l’Unicef. « Les gens n’ont pas d’eau, pas d’électricité, la situation est désespérée », a-t-elle expliqué. « Ils ramassent les fruits tombés à terre, puis ils passeront aux racines et après ça, ils n’auront plus rien. » Les ONG humanitaires soulignent que les conditions sont difficiles dans les centres d’hébergement d’urgence. « Dans la plupart des centres d’évacuation, de nombreux femmes et enfants sont entassés comme des sardines, alors les questions de santé et de sécurité vont être primordiales dans les semaines à venir », a dit Nichola Krey de Save the Children.
En réponse à l’appel pressant lancé samedi par le président Londsdale, l’aide internationale commence à arriver. L’aéroport de Port-Vila a rouvert partiellement et sera accessible aux vols commerciaux à compter d’aujourd’hui. Deux avions militaires australiens ont pu y atterrir, avec à leur bord nourriture et médicaments. Un avion militaire néo-zélandais a apporté des vivres tandis qu’un appareil français chargé de matériel de secours était attendu de Nouméa. Face au désastre, la France, l’Australie et la Nouvelle-Zélande coordonnent leurs moyens d’assistance.
AFP