La piste du « loup solitaire » inspiré par des thèses jihadistes restait privilégiée mardi par les autorités américaines pour expliquer les motivations de l’auteur du carnage d’Orlando, dont le passé recèle des zones d’ombre.
Lundi, la thèse de l’éventuelle homosexualité d’Omar Seddique Mateen a émergé dans plusieurs journaux américains et va vraisemblablement compliquer la compréhension des ressorts psychologiques qui ont poussé à l’acte ce père de famille de 29 ans. Barack Obama se rendra jeudi à Orlando pour rendre hommage aux familles des victimes de la pire fusillade qu’aient connue les États-Unis.
Le FBI comme le président américain sont de plus en plus convaincus que ce musulman pratiquant, un Américain d’origine afghane, a été « radicalisé » en partie sur internet et qu’il s’agit d’un loup solitaire inspiré par diverses organisations terroristes sans pour autant avoir été dirigé par celles-ci. « Il semble que le tireur ait été inspiré par diverses sources d’informations extrémistes sur l’internet », a déclaré Barack Obama après une réunion dans le Bureau ovale avec notamment le directeur du FBI James Comey et le ministre de la Sécurité intérieure Jeh Johnson. L’assaillant, employé dans une société de sécurité, a attaqué le Pulse dimanche vers 2h locales avec un fusil d’assaut et une arme de poing. Après avoir abattu plusieurs personnes, ce musulman pratiquant s’est retranché dans les toilettes et a appelé les services d’urgence pour revendiquer son « allégeance » au groupe Daech (EI) avant que les policiers ne donnent l’assaut.
Ce n’est que lundi que l’EI a revendiqué sur sa radio ce massacre qui a fait 49 morts et 53 blessés. Il n’existe pas, à ce stade, de « preuves claires » laissant penser qu’il « était dirigé depuis l’extérieur » ou « qu’il faisait partie d’un complot plus vaste », a expliqué le président des États-Unis. « Il a annoncé son allégeance à l’EI à la dernière minute mais il n’existe pas de preuve à ce stade qu’il ait été dirigé par eux », a-t-il martelé.
Un habitué du Pulse
Lundi, plusieurs médias évoquaient la piste de l’homosexualité cachée du tueur. Le quotidien Orlando Sentinel a cité plusieurs témoins qui assurent que le jeune homme était un habitué de la discothèque. Il s’y serait même fait remarquer à plusieurs reprises par son agressivité, liée à une consommation excessive d’alcool. Parallèlement, un client régulier de Pulse a assuré au Los Angeles Times que le tueur utilisait le réseau social gay Jack’d. Autre témoignage, celui d’un ancien élève de sa promotion à l’académie de police d’Indian River Community College, où il a étudié en 2006, qui a assuré au quotidien Palm Beach Post qu’Omar Mateen lui avait fait des avances.
Sa famille jure que son acte n’était en rien lié à la religion, y voyant plutôt des motifs homophobes. Son père a ainsi raconté combien son fils avait été choqué que deux hommes puissent s’embrasser dans la rue à Miami devant sa femme et son enfant. Évoquant un passé marqué par les violences conjugales, sa première femme ne l’avait jamais entendu soutenir le terrorisme. Omar Mateen avait été suivi par le FBI, qui l’avait interrogé à trois reprises, en 2013 et 2014, pour « d’éventuels liens avec des terroristes ». Mais ces enquêtes avaient été classées sans suite. L’hypothèse d’une piste homosexuelle, si elle prenait de l’ampleur, pourrait dégager le FBI de la position difficile dans laquelle il se trouve, pour avoir observé la radicalisation d’Omar Mateen sans prévenir un passage à l’acte. Elle ne change toutefois rien au débat sur le contrôle des armes à feu, que cet attentat à relancé.