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Le sort de la Grèce et de l’euro « se joue en bonne part aujourd’hui »


Journée de réunions marathon à Bruxelles ce lundi. Un défaut de paiement risquerait d'entraîner l'éjection de la Grèce hors de la zone euro, une éventualité que tous les participants disent vouloir éviter. (photo AFP)

« Le sort de la Grèce, de l’euro se joue en bonne part aujourd’hui », a affirmé ce lundi le Commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici à quelques heures d’un sommet européen qui pourrait permettre de régler la crise grecque.

Cette crise a déjà été l’occasion de maintes réunions présentées comme très importantes, mais « cette fois c’est décisif », a déclaré le commissaire, disant croire en un accord ce soir. La journée de lundi est une journée de réunions marathon à Bruxelles entre tous les acteurs de cette crise, à quelques jours d’échéances financières cruciales qu’Athènes n’a plus les moyens d’honorer. Un défaut de paiement risquerait d’entraîner l’éjection du pays hors de la zone euro, une éventualité que tous les participants disent vouloir éviter.

Un moment « absolument décisif »

« Nous arrivons au moment absolument décisif », a déclaré le commissaire européen sur la radio française Europe 1, estimant qu’il « nous reste peu d’heures ». Dimanche soir, le gouvernement grec a transmis une série de contre-propositions à opposer aux volontés des créanciers d’Athènes. « Elles vont dans le bon sens, elles peuvent permettre une base d’accord, cela veut dire qu’il y a encore de quoi discuter », a déclaré M. Moscovici.

« Le gouvernement grec a enfin compris, je crois, qu’il fallait envoyer des contre-propositions concrètes et solides », selon lui. Un sentiment positif partagé par le ministre des Finances français Michel Sapin qui a jugé « de qualité », le travail autour des dernières propositions d’Athènes, à l’antenne de la radio RFI.

Un sommet européen extraordinaire doit se tenir ce lundi à Bruxelles pour éviter à la Grèce un défaut de paiement aux conséquences imprévisibles, quelques heures après la présentation par Athènes de nouvelles propositions à ses créanciers qui y voient une « bonne base ». « Nouvelle proposition grecque reçue par M. Juncker, Mme Lagarde et la Banque centrale européenne. Bonne base pour faire des progrès au sommet de la zone euro », a indiqué dans la nuit de dimanche à lundi Martin Selmayr, le chef de cabinet du président de la Commission, sur son compte Twitter.

En allemand, il a évoqué un processus qui s’est fait « aux forceps », alors que les propositions grecques étaient attendues dans l’après-midi de lundi par les créanciers. Aucun détail n’a été fourni sur le contenu de ces propositions faites par Athènes pour obtenir le déboursement rapide de 7,2 milliards d’euros, promis de longue date, et qui doit lui permettre d’éviter à la fin du mois un défaut de paiement.

Un rendez-vous test attend le Premier ministre grec Alexis Tsipras avant le sommet prévu en début de soirée: il rencontrera à 11 heures le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, le président de la BCE, Mario Draghi, et le chef de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem. Les ministres des Finances de la zone euro (Eurogroupe), puis les dirigeants des 19 pays qui ont l’euro comme monnaie commune se réuniront ensuite pour éviter au pays ce scénario catastrophe.

Sans avis positif sur les propositions grecques lors des deux sessions de négociations, les chances sont faibles pour que le sommet des dirigeants de la zone euro permette un dénouement devenu urgent. Sans décision sur le déboursement d’une tranche de prêts de 7,2 milliards d’euros, Athènes à court d’argent risque de ne pouvoir honorer le 30 juin un remboursement de 1,5 milliard d’euros au FMI, un scénario aux conséquences imprévisibles.

« Ce serait de la folie d’entrer dans ces eaux troubles »

La possibilité d’une sortie de la Grèce de la zone euro, même si ce processus inédit n’a rien de mécanique en cas de défaut, est désormais évoquée ouvertement. L’accélération des retraits des épargnants au cours des derniers jours renforce les craintes pour le système bancaire grec, même s’il est soutenu par le financement d’urgence de la Banque centrale européenne (BCE). Celle-ci se réunit de nouveau lundi matin à ce propos et pourrait, pour la troisième fois en moins d’une semaine, augmenter cette aide afin de faire face à de nouveaux retraits massifs attendus lundi.

Alors que rien n’avait filtré officiellement dimanche du contenu des propositions grecques, le Premier ministre italien Matteo Renzi avait estimé que « toutes les conditions « étaient réunies » pour un accord « gagnant-gagnant ». Dans une tribune, le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis a appelé Mme Merkel à faire preuve de responsabilité face à un « choix décisif ». « Ce serait de la folie que d’entrer, pour deux ou trois milliards de différence (entre Athènes et ses créanciers, ndlr) dans ces eaux troubles et de prendre de tels risques pour l’Eurozone et la Grèce », a estimé Louka Katseli, présidente de la Banque nationale de Grèce (BNG), sur la BBC, pariant sur la victoire du « bon sens ».

AFP