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Le Salvador, premier pays à interdire l’exploitation minière des métaux


Le Salvador "a fait quelque chose d'historique", avait salué en mars l'ONG MiningWatch Canada. (photo AFP)

Le Salvador est devenu officiellement le premier pays à interdire les mines de métaux sur son territoire, estimant qu’il s’agit d’une activité nuisible pour l’environnement et la santé publique.

« Aucune institution, norme, acte administratif ou résolution ne pourra autoriser la prospection, l’exploration, l’extraction ou le traitement de produits miniers métalliques au Salvador », selon cette loi promulguée jeudi après avoir été votée le 29 mars par l’ensemble des partis au Parlement.

Le texte signé par le président Salvador Sanchez Ceren précise qu' »aucun permis ou licence ni contrat ou concession » ne pourra non plus être délivré, qu’il s’agisse de mines de métaux à ciel ouvert ou souterraines. Il interdit également l’usage de produits chimiques toxiques comme le cyanure ou le mercure.

Avec cette loi, qui fait suite à un arbitrage international remporté en octobre 2016 par le Salvador face au géant minier australo-canadien OceanaGold après sept ans de procédures, le petit pays d’Amérique centrale devient un pionnier dans la lutte contre l’activité minière et ses effets néfastes sur l’environnement et la population.

Le Salvador « a fait quelque chose d’historique », avait salué en mars l’ONG MiningWatch Canada tandis que les organisations écologistes, les associations de défense des droits de l’homme et l’Eglise catholique accueillaient le vote aux cris de « non à l’exploitation minière, oui à la vie ».

« Il faut célébrer cette loi », a réagi après sa promulgation le président de l’Unité écologique salvadorienne (UNES), Mauricio Sermeño.

« C’est une loi innovante mais surtout nécessaire face à une industrie qui n’apporte aucun bénéfice aux communautés mais plutôt une grave pollution aux sources d’eau, à l’environnement », a-t-il dit.

Le Salvador devient l’exemple à suivre pour les pays voisins où existent des projets d’extraction de métaux précieux afin d’interdire « cette industrie de la mort », a ajouté M. Sermeño.

Communautés rurales

Au Guatemala, les communautés rurales se battent contre les projets des groupes canadien Goldcorp et américains Tahoe Resources et KCA (Kappes, Cassiday & Associates). Le Nicaragua a rejeté des projets du Canadien B2Gold.

Au Salvador, la loi permettra de protéger la vie des habitants, a insisté Saúl Baños, représentant du Collectif national contre l’industrie des mines métallifères (Mesa Frente a la Minería Metálica). « C’est aussi une ferme avancée pour protéger notre eau, nos rivières », a-t-il dit.

Le pays devra « rester attentif » à ce qu’à l’avenir « les hommes politiques ne cherchent pas à déroger à cette norme en réponse aux petits intérêts des voraces entreprises minières », a averti l’analyste indépendant Dagoberto Gutierrez.

La Procureure salvadorienne pour la défense des droits de l’homme Raquel Caballero a expliqué récemment qu’elle comptait impulser une réforme de la Constitution pour y inclure l’interdiction des mines de métaux. Elle entend travailler à un accord en ce sens entre les députés et la ministre de l’Environnement Lina Pohl.

En octobre 2016, la cour d’arbitrage de la Banque mondiale, qui siège à Washington, avait donné raison au Salvador face au Canadien Pacific Rim (racheté en 2013 par OceanaGold), lui allouant 8 millions de dollars pour couvrir les frais de justice.

Pacific Rim se plaignait du refus d’un permis d’exploitation, alors que le Salvador avait décrété un moratoire sur l’exploitation des mines d’or pour éviter la contamination d’un de ses principaux cours d’eau.

Mi-avril, le parquet a placé sous séquestre les comptes bancaires et les véhicules d’OceanaGold pour obtenir le paiement de ces 8 millions de dollars avec intérêts.

Les pays d’Amérique centrale, parmi les plus pauvres du continent américain, ne tirent qu’une « très faible » contribution en termes de PIB et d’emplois de l’activité minière sur leur territoire, selon une étude récente menée par plusieurs ONG.

Le Quotidien / AFP