La reine Elizabeth II fête jeudi ses 90 ans dans son château de Windsor, un anniversaire célébré au Royaume-Uni et bien au-delà, alors que la souveraine jouit d’une popularité à son sommet.
Des poussettes décorées à son effigie, des fanions aux couleurs de l’Union Jack et son portrait dans toutes les vitrines : Windsor est en effervescence depuis plusieurs jours et un profond sentiment de reconnaissance flottait dans les rues de la petite ville située à l’ouest de Londres pour la reine qui l’a choisie pour passer cette journée historique.
Au fond, ce sera un jour comme les autres pour Elizabeth II, qui fera ce qui constitue désormais l’essentiel de son métier. Pendant que les coups de canons à sa gloire résonneront au loin, à la Tour de Londres et dans Hyde Park et que le Parlement s’illuminera aux couleurs du royaume, elle inaugurera une plaque. L’événement consacre l’ouverture d’un nouvel itinéraire touristique partant au pied du château de Windsor. Là où elle recevra vendredi le couple Obama pour déjeuner. Là où elle a été immortalisée, entourée de ses chiens et de ses arrière-petits-enfants, par la photographe américaine Annie Leibovitz dans une nouvelle série de photos publiées jeudi.
«On est si fiers. On la voit régulièrement en ville. Pour les gens d’ici, c’est merveilleux», s’enthousiasme Carolyn Chisnall. Cette habitante de Windsor était déjà là mercredi lorsque la reine, toute de rose vêtue, s’est livrée à un premier bain de foule dans sa ville. Au bras de son époux Philip, qui va allègrement sur ses 95 ans, ils ont visité le bureau de poste et inauguré une autre plaque, pour fêter la fin des travaux du nouveau kiosque à musique.
« Fière d’être britannique »
Des gestes qu’on pourrait juger insignifiants. Si ce n’est qu’ils ont le don de réunir son peuple. En ne prenant jamais position, en se plaçant au-dessus de la mêlée, la reine offre au Royaume-Uni une parenthèse apaisante au milieu de référendums qui divisent, hier sur l’Écosse et bientôt sur l’Union européenne. «Avec elle, je me sens fière d’être britannique», souligne Carole Earl, qui habite à cinq kilomètres de là et constate, sondages à l’appui, que la Queen est «plus populaire que jamais».
Alors la ville a mis «ses habits de lumière», dit Carolyn. Les façades ont été décorées, les fleurs arrosées et les vitrines des magasins affichent des «Joyeux anniversaire, Votre Majesté». Les échoppes à souvenirs proposent du thé, des gâteaux et des torchons «spécial 90e anniversaire». John Loughrey, un des plus célèbres supporters de la monarchie, ne pouvait «évidemment pas rater ça» et dort depuis lundi sur un banc devant le château, enveloppée dans un drapeau aux couleurs de l’Union Jack.
«Sa Majesté est une monarque unique. En 90 ans, elle n’a jamais été prise en défaut, se renouvelant tous les dix ans pour s’adapter aux attentes de son peuple. C’est exceptionnel», explique-t-il, le nez brûlé par le soleil avant d’entonner, exalté, un vibrant «God save the Queen». Kathy Bibby est descendue de Manchester spécialement pour l’occasion. Comme tout le monde, elle loue la vitalité de la reine, qui a certes délégué la plupart de ses voyages lointains à sa descendance, mais persiste à sillonner le royaume pour couper des rubans, visiter des écoles et serrer des mains reconnaissantes.
« Elle est immortelle »
«J’espère être aussi bien conservée lorsque j’aurai 90 ans! Jamais personne n’avait régné si longtemps, et elle continue à être un exemple pour tous. A faire son devoir sans jamais se plaindre. Elle est immortelle», assure-t-elle. «Elle est vraiment impressionnante», abonde Pauline, une autre habitante de Windsor, qui ne veut pas entendre parler d’une possible abdication, même à un horizon lointain.
«Elle ne s’arrêtera jamais. Elle a pris l’engagement de servir son peuple jusqu’à sa mort et elle s’y tiendra, quoi qu’il arrive», dit-elle, pleine d’admiration pour cette reine qui repousse les frontières du temps. Le Premier ministre David Cameron doit lui rendre hommage au Parlement lors d’une séance de plusieurs heures consacrée à son anniversaire. «Sa Majesté a été un roc pour notre nation, pour notre Commonwealth et à maintes reprises pour le monde entier», doit-il notamment dire. En mai et juin, de nouvelles célébrations sont prévues pour cette année pas comme les autres.
Le Quotidien/AFP