La Chine s’active sur la crise ukrainienne : elle a indiqué ce vendredi qu’elle enverra à partir de lundi un représentant spécial en Ukraine, Russie et dans d’autres pays européens afin d’y discuter d’un « règlement politique ».
Si le géant asiatique appelle régulièrement au respect de la souveraineté des États, il n’a jamais condamné publiquement le président russe Vladimir Poutine pour son invasion du territoire ukrainien.
Pékin se présente comme partie neutre dans le conflit et entend jouer un rôle de médiateur, même si sa position de proche partenaire économique et diplomatique de Moscou le disqualifie aux yeux de certaines capitales européennes.
« À partir du 15 mai, l’ambassadeur Li Hui, représentant spécial du gouvernement chinois pour les affaires eurasiatiques, se rendra en Ukraine, Pologne, France, Allemagne et Russie », a indiqué Wang Wenbin, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. « Il s’entretiendra avec chacune de ces parties d’un règlement politique de la crise ukrainienne », a-t-il souligné devant la presse.
Âgé de 70 ans, Li Hui est le diplomate chinois au rang le plus élevé à se rendre en Ukraine depuis l’invasion à grande échelle du territoire ukrainien par les troupes russes fin février 2022.
« Promouvoir la paix »
Le président chinois Xi Jinping s’était entretenu fin avril, par téléphone, avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, une première depuis le début du conflit.
La Chine avait annoncé à cette occasion que Li Hui dirigerait une délégation en Ukraine et dans d’autres pays, à une date alors non précisée. Représentant spécial pour les affaires eurasiatiques depuis 2019, c’est un ancien vice-ministre des Affaires étrangères et un spécialiste de l’espace ex-soviétique. Il fut notamment ambassadeur de Chine en Russie pendant 10 ans (2009-2019) et donc en contact régulier avec Vladimir Poutine.
L’annonce fin avril de sa future tournée diplomatique avait suscité des interrogations quant à sa proximité avec le président russe, mais Pékin avait insisté sur son excellente connaissance des enjeux régionaux.
Ces visites du représentant spécial constituent « une nouvelle démonstration de l’engagement de la Chine à promouvoir la paix et les pourparlers », a indiqué vendredi le porte-parole Wang Wenbin. « Cela démontre pleinement que la Chine est fermement du côté de la paix », a-t-il souligné.
Pékin affirme avoir toujours maintenu un dialogue avec l’Ukraine au niveau diplomatique.
Médiatrice
« La Chine est prête à continuer à jouer un rôle constructif dans la recherche d’un consensus international plus large sur un cessez-le-feu, la cessation de la guerre, l’ouverture de pourparlers de paix et la prévention de toute escalade de la situation », a déclaré Wang Wenbin.
« Nous sommes tous préoccupés par la situation et nous appelons tous à la paix et à une solution politique, ce que la Chine défend et appelle de ses vœux depuis le premier jour de l’éclatement du conflit », a indiqué vendredi le ministre chinois des Affaires étrangères, Qin Gang, actuellement en Norvège.
La Chine a publié fin février sa position en 12 points sur la crise ukrainienne, dans laquelle elle s’oppose à tout recours à l’arme nucléaire et exhorte à respecter l’intégrité territoriale de tous les pays – sous-entendu Ukraine comprise.
Pékin entend de plus en plus jouer un rôle de médiateur dans les conflits à l’étranger. En mars par exemple, c’est par l’entremise de la Chine que l’Iran et l’Arabie saoudite ont scellé un accord pour rétablir leurs liens diplomatiques, rompus en 2016.