Voter oui ou sortir de la zone euro : le « chantage au Grexit » fait par les Européens les plus intransigeants avant le référendum apparaît désormais comme un gros raté stratégique.
Alors même que les bureaux de vote étaient ouverts, le président allemand et social-démocrate du Parlement européen Martin Schulz répétait dimanche l’avertissement : si les Grecs votent non, « ils devront introduire une autre monnaie, puisqu’ils n’auront plus d’euros à disposition comme moyen de paiement ».
Même après la victoire massive du non, avec plus de 61% des voix, le vice-chancelier social-démocrate du gouvernement allemand, Sigmar Gabriel, ne désarmait pas, jugeant que le gouvernement grec avait « coupé les derniers ponts » avec l’Europe. Le tabou qui depuis 2010 interdisait aux dirigeants européens d’aborder publiquement la question d’un « Grexit », une sortie de la Grèce de l’euro, avait été levé pour de bon par le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker. Le Luxembourgeois avait jugé après l’annonce du référendum qu’un « ‘non’ voudrait dire que la Grèce dit non à l’Europe ».
La France elle-même a contribué à faire monter la pression, le président François Hollande déclarant le 29 juin que « l’enjeu [était] de savoir si les Grecs [voulaient] rester dans la zone euro ». L’Italien Matteo Renzi avait de son côté parlé d’un choix « euro contre drachme ». Pour Wolfgang Münchau, éditorialiste du Financial Times, « les Grecs ont à juste titre interprété ces menaces comme une tentative d’ingérence dans le processus démocratique ».
La Grèce « a résisté à une ignoble campagne d’intimidation et de chantage, à une tentative de faire peur à l’opinion publique », constatait pour sa part sur son blog le prix Nobel d’Économie Paul Krugman, grand pourfendeur de l’austérité budgétaire.
Le Premier ministre Alexis Tsipras a jugé pour sa part après l’annonce des résultats du référendum que le peuple grec avait « tourné le dos à l’intimidation ».
Le Quotidien/AFP