Accueil | Monde | Le président sud-coréen en sursis

Le président sud-coréen en sursis


Les manifestants demandent le départ de leur président. 

Le Parlement sud-coréen doit voter la destitution du président Yoon Suk Yeol ce samedi 7 décembre alors que de grandes manifestations sont prévues dans le même temps.

Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol paraît proche de la chute ce vendredi après avoir été lâché par son propre parti, qui a jugé qu’il constituait un «danger» pour le pays à la veille d’un vote au Parlement sur sa destitution après sa tentative ratée d’imposer la loi martiale.

Craignant un nouveau coup de force du président, qui a disparu de l’espace public depuis mercredi à l’aube, les députés d’opposition ont décidé de camper dans l’hémicycle jusqu’à l’examen de la motion de destitution samedi soir.

«Avec le vote sur la destitution prévu demain, les heures qui viennent sont extrêmement dangereuses», a déclaré dans une interview vendredi le chef de l’opposition, Lee Jae-myung, estimant que le pays reste vulnérable à une «nouvelle tentative de loi martiale».

«Cette nuit sera le moment le plus critique», a-t-il ajouté au Parlement où des autobus et d’autres véhicules ont été garés aux abords pour empêcher les éventuels hélicoptères des forces spéciales d’y atterrir, comme ils l’avaient fait dans la nuit de mardi à mercredi. Des manifestations pour réclamer le départ de l’impopulaire président conservateur devraient, selon la police, rassembler «des dizaines de milliers de participants» samedi devant le Parlement et dans le centre-ville de Séoul. Les organisateurs prévoient pour leur part 200 000 manifestants.

Yoon Suk Yeol, 63 ans, est conspué de toutes parts après avoir, à la surprise générale, décrété la loi martiale mardi soir, avant de faire marche-arrière à peine six heures plus tard sous la pression des députés et de la rue. Il a été lâché vendredi par sa formation, le Parti du pouvoir au peuple (PPP) qui faisait auparavant bloc avec lui.

«Ces derniers jours, comme beaucoup de Coréens, j’ai été choquée», a confié lors d’un point presse à Stockholm la prix Nobel de littérature 2024, la Sud-Coréenne Han Kang, venue recevoir son prix à Stockholm en Suède.«Et j’ai gardé les yeux rivés sur les nouvelles pour voir les changements qui se produisent dans mon pays», a-t-elle ajouté. Si Yoon ne démissionne pas avant, le Parlement monocaméral se réunira samedi matin pour se prononcer sur sa destitution. Une majorité de 200 députés sur 300 est nécessaire pour le démettre.

Yoon Suk Yeol, qui a enchaîné les crises depuis son arrivée au pouvoir en 2022, est désormais visé par une enquête pour «rebellion» et sa cote de popularité a plongé à 13%, selon un sondage Gallup publié vendredi. Dans son allocution télévisée annonçant la loi martiale mardi soir, il avait justifié cette mesure par la nécessité de protéger «la Corée du Sud libérale des menaces des forces communistes nord-coréennes et pour éliminer les éléments hostiles à l’État».