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Le pouvoir turc veut éteindre la contestation


La colère reste vive et les manifestations continuent de se multiplier. (Photo : afp)

L’étau continue de se resserrer sur les manifestants protestant contre l’arrestation du chef de l’opposition.

Les autorités turques tentent d’éteindre la contestation qui secoue une partie du pays depuis le 19 mars et l’arrestation du maire d’Istanbul, en s’en prenant aux médias d’opposition et en traquant les petits groupes de manifestants qui surmontent leur peur, le visage masqué. Le gouvernement a annoncé près de 2 000 arrestations en neuf jours lors de manifestations interdites par les autorités pour dénoncer l’arrestation du maire d’opposition, Ekrem Imamoglu, qui dirigeait la plus grande et plus riche ville du pays.

Elles visent aussi les voix critiques des médias d’opposition : le Haut conseil turc de l’audiovisuel (RTÜK) a imposé dix jours d’interruption de programmes à Sözcü TV pour «incitation à la haine et à l’hostilité» et a annoncé en avoir sanctionné trois autres. Les autorités ont également expulsé jeudi un journaliste de la BBC, Mark Lowen, venu couvrir les manifestations dans le pays, l’accusant de représenter «une menace pour l’ordre public». «Ce n’est pas juste ce que fait l’État. Nous sommes ici pour défendre nos droits», a confié jeudi soir «Raftel», caricaturiste de 21 ans. «Mais c’est un peu effrayant ce soir, il y a trop de policiers. La dernière fois, ils ont emmené environ 300 personnes. J’ai peur moi aussi, pour être honnête».

Comme la veille, les policiers qui les filment en leur barrant la route leur ordonnent de «retirer leurs masques (s’ils) veulent passer». Dix journalistes turcs arrêtés en début de semaine, accusés d’avoir participé à des rassemblements interdits, ont été remis en liberté à Istanbul et Izmir dont le photographe de l’Agence France-Presse Yasin Akgül, en fin de journée. Mais les poursuites à son égard n’ont pas été levées, a indiqué son avocat.

Le mouvement de contestation entamé le 19 mars, le plus important depuis le mouvement de Gezi parti de la place Taksim d’Istanbul en 2013, est porté en grande partie par la jeunesse, qui continue de se mobiliser. Dans la capitale Ankara, des étudiants en médecine et certains de leurs professeurs ont de nouveau manifesté jeudi. À Istanbul, où la contestation est la plus vive, plusieurs centaines de jeunes, généralement masqués, se sont rassemblés dans un arrondissement dont le maire CHP a également été arrêté.