Qu’est-ce qu’une grippe aviaire ? Comment se transmettent-elles et dans quelles proportions ? Le point après l’annonce mardi par la Chine d’un premier cas mondial chez l’humain de grippe aviaire H10N3, qui ne suscite à ce stade pas d’inquiétude chez les autorités sanitaires mondiales.
Qu’a-t-on détecté ?
Le cas de grippe aviaire H10N3 rapporté par la Chine mardi est le premier jamais observé chez l’humain. « Le patient est un homme de 41 ans de la province de Jiangsu », indique l’Organisation mondiale de la santé (OMS). « Il a développé des signes de la maladie le 22 avril et a été hospitalisé le 28 dans une unité de soins intensifs. Il se remet actuellement », selon l’OMS.
Selon le ministère de la Santé chinois, les médecins ont conclu qu’il était atteint de la maladie un mois après son hospitalisation. « A ce stade, la source d’exposition de ce patient au virus H10N3 n’est pas connue », relève l’OMS.
Qu’est-ce qu’une grippe aviaire ?
C’est un type de maladie « causé par des virus de la grippe qui se transmettent entre oiseaux très facilement, mais qui ne provoquent que très rarement la maladie chez l’Homme », explique la Dr Nicole Robb (Université de Warwick), citée par l’organisme britannique Science Media Centre (SMC).
« Il y a une très grande variété de virus grippaux en circulation chez les oiseaux, beaucoup plus que chez les principaux mammifères hôtes de la grippe, humains, cochons et chevaux », ajoute un autre expert de ces maladies, le Dr John W. McCauley (Francis Crick Institute), également cité par le SMC.
Parfois, ces maladies se transmettent à l’humain. Deux souches de grippe aviaire, H5N1 (entre 2003 et 2011, après un premier épisode en 1997), puis H7N9 (depuis 2013), ont donné lieu en Asie à des contaminations humaines via les volailles infectées. Mais les cas de transmission interhumaine restent très rares. Le virus H7N9 a infecté 1 668 personnes et fait 616 morts depuis 2013, selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture.
Par ailleurs, le virus H5N8, dérivé du H5N1, a été détecté en février en Russie sur plusieurs salariés d’une usine de volailles, après avoir circulé dans de nombreux élevages européens depuis quelques mois. Le Dr McCauley cite également des cas sporadiques d’infection aux virus H9N2 et H10N8 à travers le monde ces vingt dernières années.
Comment se transmettent-elles à l’humain ?
« En général, c’est par contact très proche avec les oiseaux infectés, volailles ou canards, une exposition directe quand on les manipule ou quand on prépare leur viande », répond le Dr McCauley. « La fermeture des marchés aux oiseaux avait stoppé l’épidémie de grippe aviaire H5N1 à Hong Kong en 1997 », rappelle-t-il, en ajoutant « qu’une fois cuite, la viande infectée ne représente qu’une menace très faible ».
« Aussi longtemps que des virus de grippe aviaire circulent chez les volailles, des infections sporadiques chez l’humain ne sont pas surprenantes », relève l’OMS, en soulignant la « menace persistante » que cela représente. L’étape suivante est la transmission entre humains. Pour cela, « des mutations sont nécessaires au passage de la barrière d’espèces », explique Vincent Enouf, directeur adjoint du Centre national de référence des virus des infections respiratoires à l’Institut Pasteur.
Quel risque pour ce virus-là ?
« A ce stade, il n’y a aucune indication d’une possible transmission interhumaine » pour le H10N3, rassure l’OMS. « On n’a pas d’information sur les mutations de ce virus H10N3 qui pourraient être intéressantes pour déterminer une capacité éventuelle de diffusion parmi les humains », renchérit Vincent Enouf. « Aujourd’hui, ce virus n’a pas été détecté chez d’autres personnes, d’après les autorités chinoises, ce qui apparaît plutôt rassurant », poursuit-il, en faisant valoir que « la diffusion des virus aviaires au sein des humains reste très compliquée ».
En outre, chez l’oiseau, où il a été détecté dès 2002, « le H10N3 est un virus à faible pathogénicité », c’est-à-dire qui n’entraîne que peu de signes de maladie, selon l’OMS. Le fait que ce virus appartienne à la famille des H10 est « une bonne nouvelle », analyse la Dr Nicole Robb, qui précise que ceux de sous-type H5 ou H7 sont « plus inquiétants ».
LQ/AFP