Rivières en crues, rues inondées, maisons délabrées : le Pas-de-Calais se réveille groggy vendredi après une nuit de pluies abondantes, qui fait suite à une montée des eaux historique déjà à l’origine d’importants dégâts mardi.
Météo-France a placé jeudi le département en vigilance rouge à la fois pour les crues et les pluies et inondations, un épisode qui ne doit commencer à s’estomper que vers 16 h vendredi. Le Nord, la Seine-Maritime et la Somme sont eux placés en vigilance orange.
La préfecture du Pas-de-Calais anticipait jeudi soir « 90 à 100 mm » de pluie dans l’ouest du département, un niveau proche, selon Météo-France de la quantité habituelle sur un mois.
Ces fortes intempéries, qui pourraient se renforcer dans la matinée, font « suite à des cumuls déjà exceptionnels depuis plusieurs jours », « dans un contexte hydrologique très préoccupant », souligne le prévisionniste.
« Restez vigilants pour vos proches et pour vous-mêmes », a écrit jeudi soir sur X le président Emmanuel Macron aux habitants du Pas-de-Calais et aux « compatriotes qui subissent l’épreuve des intempéries ».
La préfecture dénombrait jeudi soir une centaine d’interventions des pompiers et « 133 évacuations de personnes » dans le département. Le bilan reste de trois blessés légers depuis lundi.
Pas moins de 130 communes ont selon elle été touchées ces derniers jours par les inondations dans le département, déjà affecté par la tempête Ciaran le 2 novembre, puis les crues record de la Liane, l’Aa et la Canche mardi.
« Deux pompes de grande capacité capables d’absorber 5 400 m³ par heure » ont été déployées et « une troisième pompe » de ce type, ainsi que des pompes flottantes, doivent être rapidement mises en place, a indiqué la préfecture.
La Croix-Rouge a ouvert douze centres d’hébergement, dont le plus important, basé à Saint-Étienne-au-Mont, compte 40 lits.
« Plusieurs centaines de sinistres »
Environ 300 maisons ont été sinistrées dans la nuit de lundi à mardi dans cette commune, où des employés municipaux ont aidé jeudi matin les habitants à placer leurs meubles en hauteur.
« C’est dur de tout perdre », pleure Aline Jones, mère de 4 enfants, très choquée, relogée dans sa famille. « On a peur maintenant ».
Dans les secteurs de Montreuil-sur-Mer, Boulogne-sur-Mer et Saint-Omer, la population a de nouveau reçu le message d’alerte conseillant de reporter les déplacements, se réfugier en hauteur et couper l’eau, le gaz et l’électricité en cas d’inondation.
À Blendecques, sur l’Aa, les habitants ont tenté jeudi de protéger leurs maisons avec des sacs de sables, dans l’espoir de limiter les dégâts.
Les écoles de 200 communes resteront fermées vendredi comme la veille et la circulation des trains reste interrompue sur deux tronçons (Boulogne-Étaples et Saint-Pol-Étaples) au moins jusqu’à samedi « afin de garantir la sécurité des voyageurs et du personnel », a indiqué la SNCF sur X.
L’assureur AXA a enregistré « plusieurs centaines de sinistres » dans le Nord-Pas-de-Calais et « se rapproche » du millier, a annoncé jeudi son directeur régional, Thibaut Denys de Bonnaventure.
L’état de catastrophe naturelle doit être déclenché le 14 novembre pour les villes touchées dans le Pas-de-Calais et le Nord. Plus de 50 communes ont déposé un dossier, selon la préfecture.
S’ils constituent des phénomènes naturels, les inondations, cyclones et sécheresses peuvent être amplifiés par le réchauffement climatique généré par les activités humaines.
Les inondations sont des catastrophes particulièrement coûteuses : entre 1970 et 2019, elles ont représenté 44 % de toutes les catastrophes et 31 % des pertes économiques.