Le Parlement portugais a rejeté mardi à une courte majorité quatre propositions de loi visant à légaliser l’euthanasie ou le suicide assisté, dont un texte du Parti socialiste au pouvoir.
Afin d’éviter toute erreur lors d’un vote en première lecture qui s’annonçait très serré, les 229 députés présents dans l’hémicycle, qui compte 230 sièges, ont annoncé leur choix en prenant la parole un par un. Au final, la proposition des élus socialistes, qui entendaient fixer « les conditions spéciales dans lesquelles la pratique de l’euthanasie n’est pas sanctionnée », a été rejetée avec 115 voix contre, 110 voix pour et quatre abstentions.
Les textes du Bloc de gauche (extrême gauche), des Verts et du Parti des animaux et de la nature (PAN) ont échoué par une marge à peine plus importante. Même si l’une de ces propositions avait été adoptée, elle risquait ensuite de se heurter au veto du président conservateur Marcelo Rebelo de Sousa.
Le chef de l’État, catholique pratiquant, a jusqu’ici refusé de prendre position publiquement, mais l’hebdomadaire Expresso assurait samedi qu’il aurait opposé son veto si la dépénalisation de l’euthanasie avait été adoptée par une courte majorité.
Opposition des partis face au PS
Le Parlement portugais est contrôlé depuis 2015 par une majorité de gauche, mais le Parti communiste avait annoncé qu’il s’opposerait en bloc à la légalisation de l’euthanasie, de même que le parti minoritaire de droite CDS-PP.
Les deux formations les plus représentées au Parlement, le Parti social-démocrate (PSD, centre droit) et le Parti socialiste, n’avaient donné aucune consigne de vote. Le Premier ministre Antonio Costa et le chef de l’opposition Rui Rio s’étaient toutefois dits tous les deux favorables à un changement de la loi. « Ce vote a exprimé quelle était la volonté du Parlement aujourd’hui, mais il a montré aussi qu’il y a un large débat au sein de la société portugaise », a réagi la dirigeante du Bloc de gauche Catarina Martins.
« Pas de vrai débat public »
« Je pense que cette question a été expédiée un peu trop vite. Il n’y a pas eu de vrai débat public sur cette question », a de son côté regretté Ana, une jeune infirmière qui, pendant le débat, priait devant le Parlement parmi un groupe d’une vingtaine de catholiques assis autour d’un curé.
Le plus haut prélat de l’Église catholique portugaise, le cardinal-patriarche de Lisbonne Dom Manuel Clemente, avait appelé les parlementaires à voter contre la légalisation de l’euthanasie. Dans l’Espagne voisine, la chambre des députés a accepté le 10 mai d’examiner un projet de loi autorisant l’euthanasie, une première dans un pays où le texte devrait cependant se heurter à une forte opposition.
Le Quotidien/AFP