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Le Parlement européen s’apprête à couper le cordon du Brexit


Tim Barrow, le représentant du Royame-Uni auprès de l'UE, à remis au secrétaire général du Conseil européen le document officiel montrant que Londres a rempli toutes ses obligations légales pour sortir de l'UE. (Photo AFP)

Le Parlement européen vote mercredi pour ratifier le traité de retrait sur les modalités du divorce entre le Royaume-Uni et l’Union européenne, dernière étape majeure pour parachever le Brexit, deux jours avant la sortie des Britanniques.

Le vote historique est prévu vers 18H00 (17H00 GMT) après un débat de deux heures où chacun pourra prendre la parole. Le scrutin ne durera que quelques minutes et devrait se conclure sans surprise par le feu vert du Parlement, à la majorité simple des voix exprimées. « C’est une blessure pour nous », a commenté le président du Parlement européen David Sassoli dans un entretien à CNN, à la veille de cette journée particulière. « Mais nous devons respecter la volonté des citoyens britanniques ». Le représentant du Royaume-Uni auprès de l’UE, Tim Barrow, a de son côté déposé mercredi matin au Conseil européen le document officiel montrant que Londres a rempli toutes ses obligations légales pour sortir de l’UE.

La toute dernière étape sera l’adoption par procédure écrite jeudi du traité par le Conseil (les Etats membres). Après 47 ans d’une relation souvent difficile, le Brexit sera effectif vendredi à 23H00 GMT. Il y a une semaine, la commission parlementaire chargée du dossier a recommandé un vote en faveur de l’accord, à une très large majorité. Sur les 26 membres, seuls trois s’y sont opposés, des élus britanniques issus du parti travailliste, des LibDem et du parti national écossais (SNP). A cette occasion, Guy Verhofstadt, qui a présidé le groupe de contact pendant toute les négociations sur le traité, a rappelé qu’il ne s’agissait pas de bloquer le divorce. « Le choix est entre un Brexit ordonné et un Brexit dur », a-t-il insisté.

Premier membre à quitter l’UE

Le vote de mercredi scelle le départ des députés britanniques, sans que l’UE ne sache vraiment comment leur dire au revoir. Le moment est peu glorieux pour le bloc: après des années d’élargissement, c’est la première fois qu’un membre s’en va. La signature du traité de retrait au milieu de la nuit de jeudi à vendredi la semaine passée par les présidents des institutions Ursula von der Leyen et Charles Michel, en catimini, sans présence des médias, a surpris. Pas de cérémonie protocolaire non plus pour le retrait des drapeaux britanniques. « Ce sera fait avec toute la dignité nécessaire », a promis une porte-parole du Parlement, précisant qu’un exemplaire serait conservé au Musée de l’Histoire européenne à Bruxelles.

L’eurodéputée du Brexit Party, Claire Fox, n’a pas hésité à qualifier cette attitude de « lâche ». « Ils devraient être prêts à honorer » ce départ « avec un sens du rituel plutôt que de refuser aux gens le droit d’avoir une cérémonie pour ce moment historique », a-t-elle dit. Le chef de son parti et héraut du Brexit, Nigel Farage, donne une conférence de presse mercredi matin à Bruxelles. Les célébrations se feront surtout outre-Manche en ce qui concerne le Brexit Party.

Une période de transition à venir 

Le vote en plénière sera suivi d’une déclaration du président du Parlement David Sassoli. Ce dernier invitera ensuite les eurodéputés britanniques et les chefs de groupes politiques à une « courte cérémonie ». Le Royaume-Uni a participé mardi à son dernier conseil des ministres de l’UE. « C’est une semaine historique pour le Royaume-Uni et l’Union européenne », a commenté le représentant britannique Christopher Pincher, ministre pour l’Europe et les Amériques. « Nous nous réjouissons d’un monde très différent et d’une relation très différente », a-t-il ajouté.

Un chapitre se ferme, mais une nouvelle période de négociations tout aussi difficile s’ouvre: pendant la période de transition, au cours de laquelle le Royaume-Uni continuera d’appliquer les règles communautaires, l’UE et Londres vont devoir s’entendre sur leur future relation, en particulier un accord commercial. A quatre jours du Brexit, le négociateur de l’UE Michel Barnier a averti qu’il était « absolument clair qu’il y aura des conséquences négatives ». « Quel que soit l’accord que nous atteindrons sur notre future relation, le Brexit sera toujours une opération visant à limiter les dégâts », a-t-il déclaré.

AFP/LQ