Le pape François se rend vendredi aux Nations unies à New York pour un discours où il devrait appeler à lutter contre la pauvreté et le changement climatique et à résoudre les conflits qui forcent des milliers de réfugiés à fuir.
Dans son premier discours devant les 193 pays membres de l’Assemblée générale, le souverain pontife donnera ainsi le ton avant un sommet sur le développement qui s’ouvrira immédiatement après. Plus de 150 dirigeants mondiaux y adopteront un très ambitieux programme d’action pour les 15 années à venir en matière de pauvreté, de santé, d’éducation ou d’environnement.
Ces sujets «sont aussi les priorités de l’Eglise catholique», fait valoir l’ambassadeur du Vatican à l’ONU, Mgr Bernardito Auza. A Washington mercredi, le pape avait affiché son entente avec le président américain Barack Obama sur le climat et la nécessité d’aider les exclus.
Dans un discours historique devant le Congrès américain jeudi, il avait repris les mêmes thèmes. Fidèle à son franc-parler, il avait ajouté une critique acerbe des ventes d’armes. Ce sera la cinquième fois qu’un pape visite l’ONU, une tradition initiée par Paul VI en 1965.
Premier pape argentin, Jorge Mario Bergoglio montera à la tribune et s’exprimera en espagnol à un moment délicat pour les Nations unies, qui fêtent leur 70e anniversaire dans un certain désarroi.
« Contre la « globalisation de l’indifférence »
L’organisation internationale se révèle incapable de faire cesser une guerre en Syrie qui en quatre ans et demi a fait plus de 250.000 morts et provoqué catastrophe humanitaire et exode. Quatre millions de Syriens ont fui leur pays et des dizaines de milliers risquent leur vie pour tenter de gagner l’Europe.
Le pape a invité «chaque paroisse, chaque communauté religieuse» à les accueillir, au nom de la solidarité et contre «la globalisation de l’indifférence» qu’il dénonce depuis son élection en 2013.Il a lui-même donné l’exemple en ouvrant la porte du Vatican à une famille syrienne. Il n’hésite pas non plus à dénoncer le «génocide» des chrétiens d’Orient, victimes des jihadistes en Irak et en Syrie.
Mais François n’est pas un homme politique et il s’exprimera «avant tout en pasteur, en dirigeant religieux, en prophète et en père», souligne Mgr Bernardito Auza. Le nonce apostolique hébergera le pape dans sa résidence de Manhattan pendant les quelque 36 heures bien remplies qu’il passera à New York avant de gagner Philadelphie.
Dès l’aube, le drapeau du Vatican sera hissé au fronton de l’ONU pour la première fois, en vertu d’une récente décision de l’Assemblée générale qui permettra aussi aux Palestiniens de voir flotter leur drapeau dans quelques jours. Palestine et Vatican sont des Etats observateurs à l’ONU.
Le pape sera accueilli à son arrivée par le secrétaire général Ban Ki-moon et un groupe d’enfants, avant de rencontrer des employés de l’ONU choisis par tirage au sort. La sécurité a été renforcée dans tout l’édifice, comme tout au long de la visite du pape à New York.
Dès la fin de son discours, le souverain pontife se rendra au Musée du 11-Septembre pour un service inter-religieux. Puis il visitera une école catholique à Harlem, avant une longue procession dans Central Park où sont attendues 80 000 personnes tirées au sort et une messe au Madison Square Garden, célèbre salle de concerts.
Tout au long de ce parcours, la ville qui ne dort jamais sera en état de siège: dispositif de sécurité exceptionnel, nombreuses rues barrées et New-Yorkais grincheux bloqués dans les embouteillages.
AFP/M.R.