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Le pape François célèbre les obsèques de son prédécesseur Benoît XVI


La préfecture de Rome prévoit pour les funérailles une affluence de 100 000 personnes, dont certaines sont arrivées dès l'aube en présence d'un très important dispositif de sécurité. (Photo AFP)

Des milliers de personnes ont commencé à affluer jeudi matin place Saint-Pierre, plongée dans un épais brouillard, pour assister aux obsèques du pape émérite Benoît XVI célébrées par son successeur François, une première dans l’Histoire récente de l’Eglise.

La cérémonie – « solennelle mais sobre » selon le Vatican – doit débuter à 9h30 (8h30 GMT), en présence de nombreux chefs d’Etat et de gouvernement, dont le chancelier allemand Olaf Scholz.

La préfecture de Rome prévoit pour les funérailles une affluence de 100 000 personnes, dont certaines sont arrivées dès l’aube en présence d’un très important dispositif de sécurité.

Les fidèles, parmi lesquels de nombreux prêtres et religieuses, faisaient la queue pour passer les portiques de sécurité et entrer sur la place Saint-Pierre. Certains sont venus avec des drapeaux allemands et bavarois, mais aussi argentins.

200 000 fidèles devant la dépouille

« Je considère Benoît XVI un peu comme mon père et donc je ne pouvais rater cette occasion de lui rendre hommage », a confié Cristina Grisanti, une Milanaise de 59 ans arrivée à 5h30, qui déplore seulement « le froid un peu désagréable » régnant sur la majestueuse esplanade.

De lundi à mercredi, près de 200 000 fidèles sont déjà venus à la basilique Saint-Pierre se recueillir devant la dépouille du théologien allemand, décédé samedi à 95 ans et dont la renonciation en 2013 avait surpris le monde entier.

Benoît XVI, Joseph Ratzinger de son vrai nom, sera ensuite inhumé, en privé, dans la crypte de la basilique où reposait Jean Paul II jusqu’en 2011, aux côtés de 90 autres papes. Seules deux délégations, l’Allemagne et l’Italie, ont été officiellement conviées par le Saint-Siège, mais de nombreux responsables politiques, dignitaires religieux et têtes couronnées du monde entier ont confirmé leur présence.

Parmi eux, le roi des Belges Philippe, les présidents italien, polonais et togolais, l’ex reine Sophie d’Espagne ou encore le ministre français de l’Intérieur et des cultes Gérald Darmanin.

Médailles et pièces de monnaie dans le cercueil

Le cercueil de Benoît XVI doit être transféré à 8h50 (7h50 GMT) de la basilique à la place Saint-Pierre, où sera récitée la prière du rosaire. Suivra une messe d’environ deux heures de rite latin, en plusieurs langues, concélébrée par plus de 4.000 cardinaux, évêques et prêtres.

Joseph Ratzinger ayant renoncé à son ministère avant sa mort, ses funérailles suivront la liturgie réservée aux obsèques des papes, « avec quelques différences », a expliqué le porte-parole du Saint-Siège, Matteo Bruni.

Conformément à la tradition, le cercueil en cyprès dans lequel reposera Benoît XVI contiendra des pièces de monnaie et médailles frappées pendant son pontificat, son pallium (vêtement liturgique) ainsi qu’un texte décrivant brièvement son pontificat, placé dans un cylindre métallique.

Plus d’un millier de journalistes de 30 pays ont été accrédités pour l’évènement et 1.000 policiers mobilisés, ainsi que de nombreux volontaires de la protection civile italienne. Un tel évènement est une première dans l’Histoire récente de l’Eglise catholique qui compte 1,3 milliard de fidèles dans le monde. En 1802, Pie VII avait célébré les obsèques de Pie VI, mort en exil en France trois ans plus tôt, mais ce dernier n’avait pas renoncé à sa charge.

Un pontificat marqué par de multiples crises

En Allemagne, la conférence épiscopale a invité les églises du pays à faire retentir leurs cloches à 11h (10h GMT) en hommage à l’intellectuel bavarois. L’Italie a pour sa part mis les drapeaux en berne sur les bâtiments publics, tandis que le Portugal a décrété une journée de deuil national.

La mort de Benoît XVI met un terme à dix ans de cohabitation entre deux hommes en blanc au Vatican, du jamais vu dans l’Histoire deux fois millénaire de l’Eglise. Brillant professeur de théologie, Joseph Ratzinger, intellectuel réservé peu à l’aise avec les médias et les bains de foule, a été pendant un quart de siècle le strict gardien du dogme de l’Eglise à Rome à la tête de la congrégation pour la doctrine de la foi avant d’être élu pape en 2005.

Son pontificat a été marqué par de multiples crises, à l’image du scandale des Vatileaks en 2012, qui avait mis au jour un vaste réseau de corruption au Vatican.

Il avait été mis en cause début 2022 par un rapport en Allemagne sur sa gestion des violences sexuelles lorsqu’il était archevêque de Munich. Il était alors sorti de son silence pour demander « pardon » mais avait assuré n’avoir jamais couvert de pédocriminel.