Les autorités pakistanaises ont arrêté à nouveau mercredi Hafiz Saeed, l’un des responsables présumés des attentats de Bombay en 2008, a-t-on appris de sources concordantes, alors qu’Islamabad demeure sous pression pour sévir contre les groupes extrémistes opérant sur son sol.
Saeed, désigné « terroriste international » par les États-Unis – qui offrent depuis 2012 une récompense de 10 millions de dollars pour toute information pouvant conduire à son arrestation ou à sa traduction en justice -, a été interpellé lors d’un raid des forces antiterroristes dans la ville de Gujranwala (Est).
« Hafiz Saeed se rendait à Gujranwala pour demander une libération sous caution dans une autre affaire lorsqu’il a été arrêté », a déclaré un responsable des services de sécurité sous couvert d’anonymat. Un porte-parole du Jamaat-ud-Dawa (JuD), groupe islamiste dirigé par Hafiz Saeed, a confirmé l’arrestation à l’AFP, sans donner d’autres détails.
Le JuD, classé comme organisation terroriste par l’ONU, est considéré par New Delhi comme une vitrine du Lashkar-e-Taiba (LeT), accusé d’être derrière les attentats de Bombay.
Hafiz Saeed a passé des années sous différentes formes de détention, parfois en résidence surveillée, parfois brièvement arrêté puis relâché par les autorités. Il a la plupart du temps été libre de ses mouvements au Pakistan, suscitant l’ire de l’Inde, qui a fréquemment demandé qu’il soit poursuivi pour son rôle présumé dans l’attaque de 2008 qui a tué plus de 160 personnes.
Un risque de placement du Pakistan sur la liste noire du Gafi
L’arrestation d’Hafiz Saeed intervient alors que le Pakistan risque un éventuel placement sur liste noire par le Groupe d’action financière international (Gafi, un organisme intergouvernemental luttant contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme), une décision à l’impact économique lourd. Le Gafi doit trancher dans les mois à venir sur le sort du Pakistan, qui figure déjà sur sa liste grise – moins contraignante – de pays considérés comme finançant le terrorisme.
En février, les autorités pakistanaises ont interdit le JuD et la fondation Falah-e-Insaniat (FIF) également considérée comme une émanation du LeT. Washington et New Delhi ont depuis longtemps exhorté le Pakistan à prendre des mesures contre le LeT, interdit par Islamabad en 2002.
Le Pakistan a arrêté en début d’année plus d’une centaine d’extrémistes présumés et fermé plus de 200 écoles coraniques après un sanglant attentat mi-février en Inde, revendiqué par un groupe extrémiste basé au Pakistan, et qui avait conduit les deux puissances nucléaires au seuil de la guerre.
LQ/AFP