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Le Nobel de la paix aux journalistes philippine Maria Ressa et russe Dimitri Muratov


Après le prix Nobel de littérature jeudi, c'était au tour de celui de la paix d'être annoncé ce vendredi matin. (photo AFP)

Le prix Nobel de la paix a été attribué vendredi à deux journalistes, la Philippine Maria Ressa et le Russe Dimitri Muratov, pour « leur combat courageux pour la liberté d’expression » dans leurs pays respectifs, a annoncé le comité Nobel norvégien.

Maria Ressa et Dimitri Muratov « sont les représentants de tous les journalistes qui défendent cet idéal dans un monde où la démocratie et la liberté de la presse sont confrontées à des conditions de plus en plus défavorables », a déclaré la présidente du comité Nobel, Berit Reiss-Andersen, à Oslo.

Âgé de 59 ans, Mouratov, un des fondateurs et rédacteur en chef du journal russe Novaïa Gazeta« a depuis des décennies défendu la liberté d’expression en Russie dans des conditions de plus en plus difficile », a souligné le jury. Le journal s’est illustré notamment avec ses révélations sur les exécutions extrajudiciaires et les persécutions contre les homosexuels en Tchétchénie, ou en participant aux investigations internationales des « Panama Papers ». Régulièrement victime de menaces et de pressions, Novaïa Gazeta a vu six de ses collaborateurs être tués depuis sa création en 1993, dont Anna Politkovskaïa, tuée il y a 15 ans quasiment jour pour jour.

Quant à Maria Ressa (58 ans), avec son média d’investigation Rappler cofondé en 2012, « elle utilise la liberté d’expression pour exposer les abus de pouvoir et l’autoritarisme croissant dans son pays natal, les Philippines », dirigé par Rodrigo Duterte, salue-t-il.

La liberté de la presse, jamais sacrée jusqu’à présent, figurait parmi les favoris pour cette année, mais les 329 candidatures en lice étaient tenues secrètes.

Le prix – une médaille d’or, un diplôme et une somme de 10 millions de couronnes suédoises (près de 980.000 euros) – doit être physiquement remis le 10 décembre à Oslo si les conditions sanitaires le permettent.

L’an dernier, le Nobel de la paix avait récompensé le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies pour ses efforts contre la faim dans le monde.

Après la paix, seul Nobel remis à Oslo, la saison des prix décernés depuis 1901 s’achève lundi à Stockholm avec l’économie.

AFP/LQ

Le Kremlin salue le « courage » et le « talent » de Dimitri Mouratov

Le Kremlin a salué vendredi le « courage » et le « talent » de Dimitri Mouratov, lauréat du prix Nobel de la paix pour son combat en faveur de la liberté d’expression à la tête du principal journal d’opposition russe.

« Nous pouvons féliciter Dmitri Mouratov. Il travaille en continu en suivant ses idéaux, en les conservant. Il est talentueux et courageux », a déclaré aux journalistes le porte-parole de la présidence russe Dimitri Peskov. Dimitri Peskov a toutefois dit ne pas savoir si le président russe Vladimir Poutine allait féliciter personnellement Dimitri Mouratov, 59 ans, rédacteur en chef de longue date du journal Novaïa Gazeta, connu pour ses enquêtes qui ont coûté la vie à plusieurs de ses collaborateurs.

L’ambassadeur américain à Moscou, Jake Sullivan, a lui aussi félicité son « ami » Dimitri Mouratov, selon lui récompensé pour avoir « dit la vérité au pouvoir en Russie ».

« La liberté de la presse est essentielle partout – et plus importante que jamais ici. Bien joué, Dimitri ! », a-t-il ajouté, cité par le compte Twitter de son ambassade.

Ce prix Nobel intervient dans un contexte de répression visant les médias indépendants et les ONG critiques du Kremlin, dont plusieurs ont été désignés du qualificatif infamant d' »agent de l’étranger ».