L’administration du président américain a donné sa vision du monde et des objectifs pour sa sécurité nationale à travers un document de 33 pages.
L’Europe va «perdre son identité»
«Il est plus que plausible que, d’ici quelques décennies au plus tard, les membres de l’OTAN deviennent majoritairement non européens», assure le texte. «Il est légitime de se demander s’ils percevront leur place dans le monde, ou leur alliance avec les États-Unis, de la même manière que ceux qui ont signé la charte» de l’organisation.
Washington dénonce pêle-mêle les décisions européennes qui «sapent la liberté politique et la souveraineté, les politiques migratoires qui transforment le continent et créent des tensions, la censure de la liberté d’expression et la répression de l’opposition politique, la chute des taux de natalité, ainsi que la perte des identités nationales (…)».
Il émet le vu que «l’Europe reste européenne, retrouve sa confiance en elle-même sur le plan civilisationnel et abandonne son obsession infructueuse pour l’asphyxie réglementaire». Berlin a réagi promptement via son ministre des affaires étrangères Johann Wadephul, selon qui l’Allemagne n’a pas besoin de «conseils venant de l’extérieur», sur «la liberté d’expression» ou «l’organisation des sociétés libres».
Le document, qui survole la stratégie sur l’Afrique et le Proche-Orient en seulement quelques paragraphes, vise à réorienter la politique diplomatique et militaire américaine au regard des évolutions géopolitiques planétaires, mais surtout des intérêts de Washington nouvellement définis.
Le Moyen-Orient n’est plus une priorité
Soulignant les efforts pour accroître l’approvisionnement énergétique américain, le texte estime que «la raison historique de l’Amérique de se concentrer sur le Moyen-Orient va diminuer».
Il appelle à «restaurer la suprématie américaine» en Amérique latine, et annonce un «réajustement» de la présence militaire américaine dans le monde, «pour répondre aux menaces urgentes sur notre continent». Il recommande aussi «un éloignement des théâtres dont l’importance relative pour la sécurité nationale américaine a diminué ces dernières années ou décennies».
Concernant la Chine, la stratégie réitère les appels pour une région Asie-Pacifique «libre et ouverte», mais met davantage l’accent sur la concurrence économique. Le Japon et la Corée du Sud sont appelés à faire davantage pour soutenir Taïwan face à Pékin. «Nous devons inciter ces pays à augmenter leurs dépenses de défense, en mettant l’accent sur les capacités nécessaires pour dissuader les adversaires» de s’en prendre à l’île, affirme le document.
Par ailleurs, «l’ère des migrations de masse doit prendre fin. La sécurité des frontières est l’élément principal de la sécurité nationale», affirme ce document, dans le prolongement de son tour de vis contre l’immigration. «Nous devons protéger notre pays contre les invasions, non seulement contre les migrations incontrôlées, mais aussi les menaces transfrontalières telles que le terrorisme, les drogues, l’espionnage et la traite des êtres humains», poursuit-il.
Dernières décisions en date de la politique anti-immigration de Donald Trump, les services américains de citoyenneté et d’immigration (USCIS) ont annoncé la suspension des demandes de «carte verte» de résident permanent ou de naturalisation émanant de ressortissants de 19 pays. Ils ont aussi réduit la durée des permis de travail de nombreuses catégories d’immigrés.