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Le monde entier a regardé l’éclipse rouge


Depuis Yerevan, en Arménie (Photo : AFP).

La plus longue éclipse totale de Lune du XXIe siècle a fait rougir notre satellite vendredi, éblouissant des spectateurs dans le monde entier, tandis que la planète Mars, quasiment au plus près de la Terre, était pleine d’éclat.

Pour qu’une éclipse de Lune se produise, il faut qu’il y ait un alignement quasi parfait du Soleil, de la Terre et de la Lune. Notre planète, se trouvant entre notre étoile et la Lune, projette alors son ombre sur son satellite naturel.

Privée des rayons du Soleil, la Lune s’est assombrie et a pris une teinte brique car l’atmosphère terrestre dévie les rayons rouges de la lumière solaire vers l’intérieur du cône d’ombre. La Lune pouvait alors les renvoyer.

L’éclipse, qui correspond au moment où la Lune plonge dans l’ombre de la Terre, a été visible, partiellement ou totalement, dans une moitié du monde (notamment l’hémisphère est). Elle a pu être observée, en fonction des conditions météorologiques, depuis l’Afrique, l’Europe, l’Asie et l’Australie.

Le phénomène complet (pénombre comprise, imperceptible à l’oeil nu) a débuté à 19h14 (heure de Luxembourg)  et s’est achevé à 2h25.

Le photographe d'Editpress Alain Rischard a pu prendre se cliché à Bergem, vendredi dans la soirée. On a zoomé un peu pour mieux la cerner...

Le photographe d’Editpress Alain Rischard a pu prendre ce cliché à Bergem, vendredi dans la soirée. On a zoomé un peu pour mieux la cerner…

Le moment le plus intéressant de l’éclipse, lorsque la Lune était complètement dans le cône d’ombre projeté par la Terre, a eu lieu à 21h30 et s’est terminé à 23h13. Cette phase dite de « totalité » a duré 1 heure 43 minutes (103 minutes), soit la plus longue éclipse de Lune du XXIe siècle.

Au Luxembourg, les possibilités d’apercevoir le phénomène ont été variables, en raison de nuages bas (là où précisément était la lune) en  début de soirée, essentiellement dans le sud du pays. Mais ailleurs dans le monde, ce fut un spectacle inoubliable, comme ici à Melbourne, en Australie.

À Melbourne, l'éclipse a pu être suivie dans tout son processus. (Photo : AFP).

À Melbourne, l’éclipse a pu être suivie dans tout son processus. (Photo : AFP).

– « Je veux devenir astronome » –
« C’est si intéressant de voir à quel point la lune est rouge, comme si elle était recouverte de sang », s’est exclamée Marion Rotich, mère de famille en train d’observer le phénomène avec ses deux filles à Naivasha, dans le sud du Kenya.

Près du lac Magadi, région isolée loin de la pollution lumineuse des villes à 100 km au sud-ouest de Nairobi, un couple, Susan Murabana et Daniel Chu Owen, avait installé son télescope pour que les habitants du voisinage puissent admirer l’éclipse.

« Nous avions déjà fait cela à l’occasion de l’éclipse solaire en 2016 », a dit Susan Murabana. Quelque 300 membres de la communauté locale, pour la plupart des Masaï, étaient alors venus utiliser leur télescope. « C’est bien de donner une telle opportunité à des gens comme ceux-là ».

« Jusqu’à aujourd’hui, je pensais que Mars, Jupiter et les autres planètes se trouvaient dans l’imagination des scientifiques », a affirmé à l’AFP l’une des jeunes observatrices, Purity Sailepo, 16 ans. « Mais maintenant que j’ai vu cela, je peux le croire et je veux devenir astronome pour le dire aux autres ».

Au même moment à Tunis, plus de 2.000 personnes s’étaient rassemblées à la Cité des Sciences de la capitale pour admirer l’éclipse.

Émerveillés par le changement de couleur du satellite, hommes, femmes et surtout enfants munis de jumelles attendaient leur tour pour regarder la lune à travers les télescopes. D’autres filmaient, portables à la main.

« J’espère que cette éclipse nous apportera bonheur et tranquillité », espérait Karima, 46 ans, jumelles en main.

A Berlin, des personnes se sont rassemblées sur le Drachenberg, une colline qui culmine à une centaine de mètres à l’ouest de Berlin. « Pour les gens qui vivent aujourd’hui, c’est un événement unique », a commenté Sven Melchert, le directeur de l’association des amis des étoiles d’Heppenheim, dans l’ouest de l’Allemagne, cité par l’agence de presse DPA.

– Déception et nuages –

This picture shows the full moon during a 'blood moon' eclipse in Belgrade, Serbia on July 28, 2018. / AFP PHOTO / OLIVER BUNIC

L’éclipse vue de… Serbie (Photo : AFP).

Les pluies de la mousson des nuages épais ont caché la lune dans une grande partie de l’Inde et de ses voisins, qui auraient dû avoir une vue imprenable.

Même déception dans une bonne partie de l’Europe où d’épais nuages ont perturbé le spectacle lunaire.

Au nord de Londres, sur la terrasse de l’Alexandra Palace, des centaines de personnes ont été frustrées par les nuages obscurcissant toute vue du ciel. Avec un humour très britannique, elles se sont consolées en entonnant « Total eclipse of the heart », tube planétaire de la chanteuse locale Bonnie Tyler, sorti en 1983.

Dans une petite station balnéaire du comté de Dorset, dans le sud-ouest de l’Angleterre, des observateurs s’étaient retrouvés sur les plages et falaises, espérant un dégagement du ciel, sans succès. « C’est décevant », avouait Tish Adams, 67 ans. « J’ai pris quelques photos mais il n’y avait rien d’autre qu’une petite traînée rose dans le ciel. Cela aurait été tellement bien de la voir ».

Ceux qui se sont rassemblés à Rio de Janeiro ont eu plus de chance, en saisissant la Lune rouge dans le ciel nocturne clair avec leur appareil photo. « J’ai trouvé cela très joli et j’aimais encore plus la planète Mars que l’on pouvait voir juste à côté de la lune », s’est réjouie Talita Oliveira, 34 ans.

L’autre vedette de la nuit était en effet Mars, qui ne se trouve qu’à 57,6 millions de kilomètres de la Terre. A l’oeil nu, on peut voir un point brillant tandis qu’avec une lunette ou un télescope, il est possible de l’observer dans les détails.

Il s’agissait de la deuxième éclipse totale de Lune de 2018, la première ayant eu lieu le 31 janvier.

Le Quotidien et AFP