Près de dix jours après son alunissage historique, le module japonais SLIM a pu reprendre « ses opérations », a annoncé lundi l’agence spatiale nippone (Jaxa), qui avait été obligée d’interrompre son alimentation électrique en raison d’un problème avec ses panneaux solaires.
« Hier (dimanche, NDLR) soir, nous avons réussi à établir la communication avec SLIM et avons repris les opérations! », s’est félicité la JAXA sur le réseau social X (ex-Twitter).
« Nous avons immédiatement commencé les observations scientifiques » avec la caméra embarquée, a précisé la Jaxa, qui a également posté une photographie prise par le module montrant le rocher baptisé « Toy Poodle », sur le sol lunaire.
Le module SLIM (Smart Lander for Investigating Moon) avait réussi le 20 janvier un alunissage à 55 mètres de sa cible initiale, soit un très haut degré de précision, faisant du Japon le cinquième pays à réussir à se poser sur le satellite naturel de la Terre après les Etats-Unis, l’URSS, la Chine et l’Inde.
Mais en raison d’un problème moteur dans les dernières dizaines de mètres de sa descente, SLIM s’était posé de manière inclinée et ses cellules photovoltaïques orientées vers l’ouest ne recevaient pas la lumière du soleil.
Le petit engin lunaire est revenu à la vie « probablement parce que la production d’énergie de sa batterie solaire a repris alors qu’il était exposé à la lumière du soleil », a déclaré un porte-parole de la Jaxa.
« Nous allons donner la priorité à ce que nous pouvons faire, c’est-à-dire observer et collecter des informations, plutôt que d’ajuster la position de SLIM, ce qui pourrait aggraver la situation », a-t-il ajouté.
La Lune décrit son orbite en 27 jours terrestres, et la lumière du jour y dure environ la moitié de cette durée, a rappelé ce porte-parole. Aussi, la lumière du jour à l’endroit où se trouve le module « durera environ jusqu’à la fin du mois de janvier ».
Course mondiale
SLIM a aluni dans un petit cratère de moins de 300 mètres de diamètre, appelé Shioli. Avant d’être éteint, l’engin a pu débarquer normalement ses deux mini-rovers, censés mener des analyses de roches provenant de la structure interne de la Lune (le manteau lunaire), encore très mal connue.
L’un de ces deux astromobiles est une sonde sphérique baptisée SORA-Q, à peine plus grande qu’une balle de tennis, capable de modifier sa forme pour se déplacer sur le sol lunaire. Elle a été développée par la Jaxa, en partenariat avec le géant japonais du jouet Takara Tomy.
Plus de 50 ans après les premiers pas humains sur la Lune – effectués par les Américains en 1969 – le satellite naturel de la Terre est redevenu l’objet d’une course mondiale.
Le programme américain Artémis prévoit de renvoyer des astronautes sur la Lune, un projet récemment reporté à septembre 2026, avec à plus long terme la construction d’une base permanente sur place. La Chine a des projets concurrents similaires.
Les deux premières tentatives d’alunissage du Japon avaient mal tourné. En 2022, une sonde de la Jaxa, Omotenashi, embarquée à bord de la mission américaine Artémis 1, avait connu une défaillance fatale de ses batteries peu après son éjection dans l’espace.
Et l’an dernier, un alunisseur de la jeune entreprise privée japonaise ispace s’était écrasé à la surface de la Lune, ayant raté l’étape cruciale de la descente en douceur.
Atteindre la Lune reste un immense défi technologique, même pour les grandes puissances spatiales : l’entreprise privée américaine Astrobotic, sous contrat avec la Nasa, a aussi échoué début janvier à poser son premier engin sur la Lune.