La Fondation du mémorial de Buchenwald a annoncé mardi autoriser la visite dans l’ancien camp de concentration nazi d’un député d’extrême-droite allemand, qui sera toutefois sommé de s’expliquer sur les positions révisionnistes de son parti.
Alors qu’à la fin 2017, la fondation avait refusé l’entrée d’un autre membre de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), elle veut cette fois « saisir l’occasion d’interroger » cet élu « sur les positions révisionnistes et anti-démocratiques dans son parti et sa propre opinion sur le sujet », a déclaré son directeur Volkhard Knigge, cité dans un communiqué.
Le député, Stephan Brandner, sera invité à se prononcer sur plusieurs déclarations de ses amis politiques, notamment celles du chef du parti Alexander Gauland qualifiant Hitler et les nazis de « pipi de chat » dans une histoire germanique millénaire ou appelant à être de nouveau fiers des actes des soldats allemands lors des deux guerres mondiales.
L’AfD remet régulièrement en cause le consensus mémoriel
Première force d’opposition à la chambre des députés, l’AfD a fait une entrée fracassante au Bundestag en septembre, avec plus de 90 députés. Plusieurs de ses membres remettent régulièrement en cause le consensus mémoriel des Allemands sur leur passé nazi. Stephan Brandner « est député et membre d’un parti qui ne s’intéresse en rien à trouver des solutions concrètes aux problèmes politiques ou sociaux, ou encore à garantir et défendre les valeurs démocratiques », dénonce le directeur de la Fondation.
« Au lieu de cela, l’AfD dénature délibérément la réalité, nourrit les préjugés en toute conscience et de façon agressive », poursuit-il. Stephan Brandner est député de la région de Thüringe où est situé le mémorial. Dans un communiqué lundi, il avait annoncé sa visite pour mercredi, l’objectif étant de « s’informer sur le travail » de la Fondation de l’ancien camp de concentration créé en 1937 par l’Allemagne hitlérienne, et libéré en 1945 par les troupes américaines. Quelque 250.000 personnes y ont été déportées et environ 56 000 y sont mortes. Le camp, situé sur la zone d’occupation soviétique, avait été remis à l’URSS communiste, qui l’avait utilisé pour l’internement de prisonniers nazis mais aussi d’opposants au régime communiste en Allemagne de l’Est, jusqu’en 1950.
AFP