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Le mafieux le plus recherché d’Italie arrêté à Palerme


Matteo Messina Denaro est l'une des dernières grandes figures de Cosa Nostra. (Photo : AFP)

Coup dur pour la « Pieuvre » sicilienne : le parrain mafieux le plus recherché d’Italie, Matteo Messina Denaro, un tueur impitoyable, a été arrêté lundi à Palerme au bout de 30 ans de cavale.

La légende de Matteo Messina Denaro, 60 ans, égale celle des grands dirigeants historiques de Cosa Nostra, Toto Riina et Bernardo Provenzano, morts en prison respectivement en 2017 et 2016.

La cheffe du gouvernement Giorgia Meloni a salué « une grande victoire de l’État qui démontre qu’il ne se rend pas face à la mafia », tandis que son vice-Premier ministre Matteo Salvini a prévenu : « Tôt ou tard, même les plus grands criminels en fuite sont arrêtés ».

Le président italien, Sergio Mattarella, dont le frère Piersanti, à l’époque président de la région sicilienne, a été abattu en janvier 1980 par la mafia, a « exprimé ses félicitations » aux forces de l’ordre.

Matteo Messina Denaro a été arrêté dans une clinique de Palerme, a précisé le général des carabiniers Pasquale Angelosanto dans une déclaration vidéo distribuée à la presse. Selon les agences de presse italiennes, il s’agit de la clinique La Maddalena où il était soigné, sous un nom d’emprunt, pour un cancer du côlon.

Un assassin impitoyable

Recherché depuis 30 ans par toutes les polices d’Italie, le parrain sicilien Matteo Messina Denaro fut un assassin impitoyable dont la cruauté s’inscrit dans la grande tradition des chefs de Cosa Nostra, la mafia sicilienne.

« Avec les personnes que j’ai tuées moi-même, je pourrais remplir un cimetière », se serait vanté ce grand amateur d’armes à feu, qui a commis son premier homicide à 18 ans.

Surnommé Diabolik, du nom d’un criminel protagoniste d’une célèbre BD italienne dont il est lui-même fan, cet homme condamné plusieurs fois à la perpétuité était le chef incontesté de Cosa Nostra dans la province de Trapani, dans l’ouest de la Sicile, même si son pouvoir débordait largement ce territoire, aussi bien vers Agrigente (sud) que vers Palerme, la capitale de l’île.

Né le 26 avril 1962 à Castelvetrano, dans le sud-ouest de la Sicile, il baigne dès l’enfance dans le crime organisé: son père, don Ciccio, est le chef du clan local et son parrain de baptême est lui-même un « homme d’honneur ».

Sous les ordres de Toto Riina

En 1989 commencent ses premiers démêlés avec la justice à cause de sa participation à la lutte sanglante entre deux clans. En 1989, il est accusé du meurtre de Nicola Consales, un propriétaire d’hôtel qui s’était plaint devant une de ses employées d’avoir « toujours ces petits mafieux dans les pattes ». Or cette employée n’était autre que la maîtresse de Messina Denaro.

En 1992, il fait partie d’un groupe de sicaires dépêchés à Rome pour tenter d’assassiner le juge Giovanni Falcone. Ils sont finalement rappelés par Toto Riina, le boss de Corleone surnommé « le fauve » pour sa férocité, qui souhaitait un autre modus operandi.

Matteo Messina Denaro lui-même fut impitoyable au cours de sa longue carrière. En juillet 1992, après avoir participé au meurtre de Vincenzo Milazzo, le chef du clan d’Alcamo, il étrangla la compagne de ce dernier, enceinte de trois mois. Les deux cadavres furent enterrés dans la campagne.

Après l’arrestation de Toto Riina, Messina Denaro poursuivit sa stratégie de terreur tous azimuts de la mafia, fournissant un soutien logistique pour organiser des attentats à Florence, Milan et Rome, qui firent au total une dizaine de morts et une centaine de blessés.

Corps dissous dans l’acide

C’est durant l’été 1993 qu’il choisit de disparaître dans la nature, débutant ainsi sa longue fuite face à la justice, qui multiplie les mandats d’arrêt contre le criminel, accusé entre autres d’association mafieuse, d’homicide, de détention d’explosifs et de vol.

En 1994 et 1996, les témoignages de repentis permirent de faire la lumière sur son rôle au sein de Cosa Nostra. En 2000, à l’issue du maxi-procès contre la mafia baptisé « Omega » à Trapani, il fut condamné par contumace à la prison à perpétuité.

En novembre 1993, il est l’un des organisateurs de l’enlèvement du petit Giuseppe Di Matteo pour contraindre son père Santino à rétracter son témoignage sur l’assassinat du juge Falcone. Au bout de 779 jours de détention, l’enfant est étranglé et son corps dissous dans l’acide.

Durant ses longues années de fuite, il gère ses « affaires » en communiquant sous le pseudonyme « Alessio » à travers des « pizzini », ces messages écrits sur de petits morceaux de papier, appréciés des mafieux pour leur discrétion par rapport aux téléphones portables.